Pour RTE, le développement de la voiture électrique aura un impact limité sur le réseau
RTE vient de publier son bilan prévisionnel 2035. Le transporteur d’électricité y dessine cinq scénarios pour la réussite de la transition énergétique de 2025 à 2035. Dans le domaine de la mobilité électrique, le gestionnaire des lignes à haute tension estime notamment que le parc pourrait atteindre jusqu’à 15,6 millions de véhicules, avec un impact limité sur le réseau grâce à la charge intelligente.
3 projections pour l’électrique
Ohm, Ampère, Hertz, Volt et Watt… alors que le rapport 2017 de RTE a établi cinq scénarii pour la réussite de la transition énergétique entre 2025 et 2035, le gestionnaire des lignes à haute tension dresse trois projections pour la mobilité électrique.
Considérés comme la trajectoire « haute », les plans Ampère et Hertz ciblent ainsi 15,6 millions de véhicules électriques en circulation en France d’ici à 2035, soit 30 à 40 % du parc, tandis que le plan Volt évoque 8,6 millions d’unités. Centré sur le développement des ENR, le plan Watt correspond à l’hypothèse « basse » et table sur un parc prévisionnel de 5.5 millions de véhicules électriques.
Ils dressent par ailleurs des hypothèses de mix électriques variées, aux conséquences diverses en matière d’émissions de CO2.
Un impact limité grâce au smart-charging
Alors que les « transferts d’usage » vers l’électricité de certains secteurs soulèvent de nombreuses interrogations quant à leurs conséquences sur la consommation électrique, le rapport de RTE se veut optimiste quant aux impacts liés à l’électrification des transports.
« Le développement de la mobilité électrique conduirait à une réduction des émissions dans le secteur des transports qui ne serait pas « compensée » par une augmentation des émissions du secteur électrique » souligne RTE qui insiste toutefois sur l’importance du smart-charging. Pilotage de la charge et utilisation des batteries comme outil de stockage des énergies intermittentes (V2G) doivent ainsi permettre de limiter l’impact du véhicule électrique sur le réseau.
« Nous avons inclus des prévisions comportant jusqu’à plus de 15 millions de véhicules électriques en 2035 » souligne Olivier Grabette, directeur général adjoint de RTE. « Nous arrivons à une part de 8% de la production électrique destinée aux transports ce qui peut être compensé par les baisses de consommation » estime-t-il.
En d’autres termes, si la recharge des voitures électriques est correctement gérée via les smartgrids, sa montée en puissance ne devrait pas engendrer de hausses conséquentes de la consommation électrique nécessitant la création d’une capacité de production supplémentaire. D’autant plus dans un contexte où les économies d’énergie réalisées dans d’autres secteurs viendront réduire la demande globale en électricité pour compenser celle liée à la voiture électrique.
En effet, pour la première fois dans un bilan prévisionnel, l’ensemble des trajectoires de consommation d’électricité présentées par RTE sont stables ou orientées à la baisse sur le temps long. Les analyses montrent que les effets baissiers engendrés par l’efficacité énergétique peuvent égaler ou dépasser les effets haussiers associés aux transferts d’usage, tels que le développement de la mobilité électrique. « La France se situe donc effectivement à un point d’inflexion en matière de consommation électrique » que l’essor des voitures électriques, même dans ses scénarios les plus élevés, ne viendra pas remettre en cause dès lors que la recharge sera intelligente.
Ainsi, passer de 8 à 15 millions de véhicules électriques ne représenterait qu’une surconsommation de 16 TWh en cas de charge dite « pilotée ». Cela correspondrait à environ 3 % de l’énergie produite à horizon 2035 pour un gain estimé à 8,5 MtCO2.
Dans ce cadre, on comprend que la massification des solutions de recharge pilotées, ainsi que la construction de signaux adaptés à la gestion des contraintes du système électrique, va devenir un enjeu majeur de la filière électromobile. Une problématique déjà prise en compte par les professionnels du secteur, qui travaillent ensemble à dessiner les schémas de la recharge de demain.