IFRI : état des lieux du marché des véhicules électriques à horizon 2030
Principal centre indépendant de recherche, d’information et de débat sur les grandes questions internationales, l’IFRI vient de publier une étude dédiée au véhicule électrique.
En passe de devenir un marché de masse, la mobilité électrique est au cœur de la dernière étude de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) qui dresse un état des lieux du marché et liste les perspectives à horizon 2030.
Une crise de la COVID accélératrice de la transition
Pour l’IFRI, la crise de la COVID-19 a joué un rôle d’accélérateur pour la transformation du secteur automobile. La majeure partie des états membres ont fait de la croissance verte l’un des piliers de leur stratégie de relance. En France, le bonus a été porté à 7000 € pour l’électrique tandis qu’une aide de 2500 € a été introduite pour les modèles hybrides rechargeables. Associés au remaniement de la prime à la conversion, ces nouveaux dispositifs ont permis d’accélérer les ventes de véhicules électriques là où celles de modèles essence et diesel n’ont fait que reculer.
Si la sortie de crise se révèle bénéfique pour l’électrique, d’autres leviers annoncent également une transformation massive du parc. Dans les grandes villes, la multiplication des zones à faibles émissions va accroitre le déploiement de véhicules individuels et utilitaires propres.
Voiture électrique : des enjeux européens
Accueillant aujourd’hui moins de 3 % des capacités mondiales de production de cellules, l’Europe devrait avoisiner les 15 % à horizon 2024. « L’UE disposera d’une capacité de production de près de 350 GWh par an d’ici 2025, dont plus du tiers en Allemagne » chiffre l’IFRI.
Pour l’institut, la question de l’approvisionnement en matière première est désormais devenue centrale. Un sujet sur lequel se penche déjà l’Europe avec un projet d’Alliance des matières premières censée assurer son indépendance pour la fabrication de cellules.
Un enjeu de production intimement lié aux questions de la seconde vie et du recyclage qui doivent être dimensionnées et anticipées. « Des stratégies en amont de souveraineté minérale et en aval de recyclage doivent encore compléter le dispositif, sous peine d’entraîner des sérieuses incertitudes et limites sur la réussite à long terme des objectifs de décarbonation et de politique industrielle » souligne le rapport de l’IFRI.
Des infrastructures de recharge à développer
Du côté des infrastructures de recharge, l’IFRI invite à multiplier par près de 20 le nombre de points de recharge existants. Alors que l’Europe devrait compter 40 à 50 millions de véhicules électriques en circulation en 2030, l’IFRI estime qu’au moins 3 millions de points de recharge seront nécessaires.
« La qualité de la recharge compte autant, voire davantage, que la quantité de bornes publiques mises à disposition » souligne l’organisme qui invite également à lever les verrous liés au déploiement au sein du résidentiel collectif.
Trois scénarii pour 2030
Présenté comme une thématique « hautement mobilisatrice » de l’après-COVID, le développement de la mobilité propre pourra emprunter différentes voies dans les années à venir. Dans son analyse, l’IFRI identifie trois grands scénarii à horizon 2030 :
- Le point mort dans lequel l’Union Européenne s’enlise dans une crise économique grave. Le manque de budget associé à des lenteurs dans la mise en œuvre de dispositifs d’accompagnement ne permettraient pas de stimuler les ventes de véhicules propres. Une crise qui conduirait à maintenir la domination des véhicules thermiques et à manquer l’objectif de neutralité climatique fixé à horizon 2050.
- La conduite en dehors des clous. Dans ce scénario intermédiaire, l’Europe et l’ensemble des Etats Membres s’engagent vers la mobilité propre mais avec des stratégies non coordonnées. « L’Europe investirait massivement dans une large palette de solutions sans penser la mise en cohérence des initiatives locales, nationales et européennes, ni la robustesse des dispositifs de soutien dans la durée » explique l’IFRI. Une avancée en « ordre dispersé » qui contribuerait à une dilution des efforts et à un résultat « sous-optimal » en 2030.
- La voie maitrisée. Présenté comme le scénario idéal, celui-ci passerait par une forte implication de l’Europe pour structurer la chaine de valeur et coordonner les actions des différents Etats Membres. Il s’agit aussi de faire de la recharge un « chantier prioritaire » en donnant aux pays membres de l’Union des objectifs contraignants lors de la révision de la directive sur les carburants alternatifs.
L’étude est à retrouver ici : https://www.ifri.org/fr/publications/etudes-de-lifri/pari-de-mobilite-routiere-propre-europe-etat-lieux-strategies