3 questions sur la recharge des véhicules électriques à Gilles Bernard, Président de l’AFIREV
L’AFIREV (l’Association Française pour l’Itinérance de la Recharge des Véhicules) vient de publier les résultats de son observatoire de la qualité de la recharge pour proposer un état des lieux objectif de la situation en France. Acteurs de la recharge, utilisateurs, fournisseurs de services, industriels et collectivités locales ont mis en commun leurs retours d’expérience pour mesurer la qualité des services et identifier les axes d’amélioration prioritaires. Retour sur cet observatoire avec Gilles Bernard, Président de l’AFIREV.
Bonjour Gilles Bernard ! De prime abord, les résultats de votre observatoire semblent très positifs : nous pouvons relever, par exemple, que près de 80% des utilisateurs expriment une large satisfaction en fonction des catégories de bornes. Quels sont, justement, les principaux résultats à retenir, et que pouvons-nous en retirer ?
Avec la croissance du nombre des utilisateurs, nous voyions de plus en plus de cas d’anomalies et d’insatisfactions exprimées sur les réseaux sociaux à propos des recharges accessibles au public. Il nous est apparu indispensable de mesurer précisément leurs niveaux et leur signification par enquêtes et collectes d’indicateurs. Les premiers résultats ainsi obtenus sont concluants : la recharge accessible au public est un besoin essentiel et 86% des interrogés l’ont utilisée. Et de fait les anomalies essentielles sont caractérisées : la fiabilité moyenne des bornes est insuffisante (le taux de panne étant particulièrement important sur certains réseaux) et près d’un quart des recharges ne satisfont pas l’attente de l’utilisateur. Les utilisateurs expriment aussi leur niveau de satisfaction sur l’utilisation de l’infrastructure de recharge, sur les informations dont ils disposent, spécialement la cartographie sur smartphone, sur la facturation et sur le recours aux centres d’appels. Tout ceci permet de qualifier les marges de progrès nécessaires.
Vous l’évoquez : 86 % des conducteurs interrogés utilisent des bornes de recharge publiques. On en compte aujourd’hui plus de 30 000 en France, mais leur maintenance laisse parfois à désirer. Ce grief ressort d’ailleurs de votre observatoire. Quelles recommandations faites-vous pour améliorer la situation ?
La mesure de la qualité doit servir à guider les efforts d’amélioration pour prévenir les anomalies et les insatisfactions. Il faut donc remonter aux causes de celles-ci pour cibler les mesures les plus efficaces. Tous les composants qui contribuent à produire les services doivent donc être passés en revue : la conception et la fabrication des bornes, leur installation, leur communication avec le système informatique de contrôle-commande et de gestion, la conception de celui-ci, la gestion du système des données, la configuration des échanges de ces données avec les systèmes des autres opérateurs, la maintenance opérationnelle du tout… Il convient d’analyser les problèmes révélés pour déterminer le niveau de performance à requérir pour chacun de ces composants, selon que l’on est aménageur/opérateur d’infrastructure de recharge ou opérateur de mobilité.
L’observatoire sur la qualité de la recharge de l’AFIREV a rassemblé les opinions de 505 utilisateurs de véhicules électrifiés rechargeables, ce qui constitue une manne d’informations non négligeables. Maintenant que vous avez une vision d’ensemble sur le sujet de la qualité de la recharge, qu’allez-vous faire ? Quelles suites donner à cet observatoire ?
L’observatoire est fait pour révéler les anomalies. Mais il faut agir en conséquence pour y remédier. C’est pourquoi nous avons mis en place des chartes d’engagement de la qualité proposées, sur notre site afirev.fr, à la signature des aménageurs et opérateurs. Elles se composent de clauses qui sont autant de points d’attention, avec des indicateurs qualitatifs ou quantitatifs, à prendre en compte dans l’installation et l’exploitation des services, services de recharge ou services de mobilité.
Ces chartes seront complétées ou mises à jour en fonction des leçons tirées de l’observatoire.
– Retrouvez à ce lien l’observatoire de l’AFIREV ;- Retrouvez ici notre baromètre mensuel des immatriculations de véhicules électrifiés rechargeables (janvier 2021) ;- Retrouvez là notre étude menée par Ipsos France auprès de 3 643 utilisateurs de modèles électriques et hybrides rechargeables.