Présidentielle 2017 : le CNPA publie les résultats de sa consultation sur l’automobile
Le Conseil National des Professions de l’Automobile a dévoilé ce mercredi les propositions en matière de transports de cinq des onze candidats à l’élection présidentielle. Ces derniers avaient reçu de la part du syndicat d’entrepreneurs un questionnaire, et même si tous n’ont pas accordé le même soin aux réponses, certaines divergences émergent tout de même sur l’électromobilité, tant du point de vue de son modèle économique que de la place qu’elle pourrait accorder à la révolution numérique.
Des désaccords sur les modèles économiques à mettre en œuvre
Si un consensus semble émerger sur la volonté d’assurer un renouvellement du parc automobile afin qu’il devienne plus écologique, il semble plus difficile de dégager des positions communes concernant les moyens et les objectifs. Premières divergences notoires : le modèle économique et la gouvernance de la filière du véhicule non polluant.
Tout d’abord, Emmanuel Macron en appelle à une « bonne gestion du parc » : il compte « instaurer un lien de confiance entre l’administration, les professionnels et les consommateurs » en permettant certaines « expérimentations ».
Pour Jean-Luc Mélenchon, c’est l’État français qui doit être en mesure de garder le contrôle sur le secteur à l’aide d’un « Commissariat à la planification écologique » qui prendrait plus généralement en charge toutes les questions environnementales. Cette instance veillerait notamment à la « qualification professionnelle » des acteurs de la mobilité.
Considérant que le marché français du véhicule électrique a « perdu son leadership européen », que les infrastructures de recharge actuellement installées n’ont qu’une « faible visibilité », mais aussi que les systèmes d’autopartage « fermés » ne sont pas « fiables », François Fillon se place quant à lui dans une échelle de réflexion plus large afin de « réhabiliter la route » qui est selon lui primordiale « dès que l’on sort des villes centres ». Le candidat des Républicains intègre à la fois un dialogue international qui prendrait la forme d’une « coopération » franco-allemande, la mise en place d’un « véritable opérateur de mobilité national » garant d’une « interopérabilité [avec les] autres plateformes européennes » et une concertation avec les collectivités locales, en vue notamment de faire émerger de nouvelles formes de mobilités propres adaptées aux territoires telles que le « covoiturage ».
« Pour réussir [à] passer aux véhicules propres », Marine Le Pen tranche pour sa part en faveur d’une collaboration public/privé. En revanche, la présidente du Front National est convaincue que la filière électrique engendre de « coûteuses installations de bornes » et qu’elle va « déséquilibrer le réseau » d’approvisionnement : elle souhaite donc plutôt se tourner vers l’hydrogène et la pile à combustible, technologies dont elle compte « faire baisser [le] coût » grâce à une « production en grande série ».
Un accompagnement plus ou moins prononcé vers la voiture propre
En matière d’incitation directe ou indirecte à l’électromobilité, les candidats optent là aussi pour des visions assez différentes.
Pour François Fillon, la fiscalité en général est « trop complexe » et devrait donc être « simplifiée » pour être « plus respectueuse du développement durable » : en clair, la stratégie du candidat consisterait à la « verdir sans [l’]alourdir ». Il prend par ailleurs position pour un maillage en infrastructures de recharge, mais en privilégiant plutôt les 11 000 stations-service du territoire qui devraient selon lui accueillir des bornes de recharge rapide.
Benoît Hamon souhaite au contraire mettre en place au niveau national une « stratégie globale de mutation du parc automobile ». Il s’engage notamment à créer une « TVA différenciée pour les produits les moins polluants », à assurer une « convergence fiscale entre diesel et essence » et à accorder une « place de plus en plus grande« à la voiture partagée. Cette intervention publique serait complétée par une utilisation plus importante du « contrôle technique » dont les résultats fourniraient des données précises, par exemple sur la pollution, défi majeur de ce que le candidat appelle l' »impératif écologique ».
Cette terminologie est également employée par Emmanuel Macron, et le constat qu’elle désigne justifie selon lui le maintien du « bonus/malus » existant. Le candidat d’En Marche ! tient également à consacrer à la mobilité durable une partie des 15 milliards d’euros du fonds de « transition écologique » qu’il s’est engagé à créer. Enfin, il prévoit de verser une « prime exceptionnelle de 1 000 € » à l’achat d’un « véhicule neuf ou d’occasion plus écologique« en remplacement d’un modèle immatriculé avant 2001.
Marine Le Pen évoque elle aussi une prime de 1 000 €, mais pas vraiment en vue d’électrifier le parc roulant, puisque celle-ci ne serait octroyée que pour la mise à la casse d’un « vieux diesel » au profit d’un « véhicule essence de moins de 15 ans ».
Une place d’inégale importance accordée au numérique et au big data
Même si les candidats tombent d’accord sur la nécessité d’entrer dans un processus de transition vers le transport propre, leur rapport à la révolution numérique diffère considérablement selon les visions programmatiques qu’ils développent.
Si François Fillon et Jean-Luc Mélenchon promettent tous deux un plan pour la couverture nationale en très haut débit (le premier évoquant notamment un « plan 5G« ), ils ne portent pas du tout le même regard sur la transition numérique. Dans le cadre d’une pensée plutôt libérale, le candidat des Républicains veut soutenir « l’innovation digitale » en faisant « confiance à l’initiative privée« , mais dans le respect de « nos droits fondamentaux ». Cette condition n’est même pas posée par le représentant de la France insoumise, qui préfère directement opter pour la « maîtrise publique des technologies » : à ce titre, il s’engage à « réguler le recours aux plateformes numériques ».
Benoît Hamon inclut la « prise en compte de la révolution numérique » dans les trois grands principes qui guident son programme, tandis que Marine Le Pen adopte une position plus méfiante. Si elle considère le big data comme une « opportunité intéressante », elle tient toutefois à en contrôler l’usage afin qu’il ne débouche pas sur un « vol de données privées ». Seul candidat à relever le « changement radical » porté par le numérique, Emmanuel Macron opte enfin pour une synthèse permettant « aux différents niveaux de la filière d’accéder » à des données dans un « cadre concurrentiel sain », tout en assurant la « protection des citoyens ».
Les réponses détaillées des candidats sont à retrouver sur le site Internet du CNPA : http://www.cnpa.fr/actualites/presidentielles-2017-les-reponses-des-candidats-sur-l-avenir-de-la-filiere/
Illustration : CNPA