Le potentiel de la mobilité hydrogène au cœur d’une étude de l’Hydrogen Council
Selon une étude de McKinsey réalisée pour le compte des industriels de la filière regroupés au sein de l’Hydrogen Council, l’hydrogène pourrait représenter entre 10 et 15 millions de véhicules et 500 000 camions dans le monde d’ici à 2030.
« Pour atteindre l’objectif de limiter le réchauffement climatique à deux degrés, 80 millions de véhicules zéro émission devront être mis sur les routes d’ici à 2030 » chiffre le rapport. Publié en marge de la COP23, celui-ci insiste sur la nécessaire complémentarité de l’hydrogène avec les autres sources d’énergie et alerte sur le risque de ne parier que sur une seule technologie.
Entre électrique à batteries et hydrogène, McKinsey identifie des synergies, évoquant le partage de composants identiques aux deux technologies. Et si l’électrique à batteries demeure aujourd’hui la technologie la plus efficiente, les limites liées à l’autonomie peuvent rendre l’hydrogène plus pertinent pour certaines catégories de véhicules comme les camions, bus, bateaux ou trains.
Dans le domaine des véhicules particuliers, l’hydrogène peut également tirer son épingle du jeu, souligne l’étude, prenant l’exemple des modèles à forte autonomie. Car si l’électrique conservera son avantage économique à horizon 2030 s’il reste sur des batteries à 30 kWh de capacité, l’étude estime que l’avantage aura tendance à diminuer au-delà. « A environ 55 kWh, les deux solutions auront le même coût. Au-delà, l’hydrogène sera moins cher que l’électrique » avance l’étude.
En termes de TCO, et par rapport aux véhicules thermiques, l’étude calcule que le surcoût de l’hydrogène devrait passer sous la barre des 10 % entre 2025 et 2030. Un avantage expliqué par la production des véhicules à grande échelle mais aussi par les progrès à venir dans le domaine des piles à combustible dont la consommation devrait diminuer de 20 à 35 % à horizon 2030.
Véhicules légers : jusqu’à 3 % des véhicules neufs à horizon 2030
Dans le domaine du véhicule léger, le rapport de McKinsey estime que l’hydrogène pourrait représenter jusqu’à 3 % des ventes de véhicules neufs à horizon 2030 et jusqu’à 35 % en 2050. Comme pour l’électrique, la répartition géographique des ventes ne sera pas homogène et l’hydrogène devrait afficher un taux de pénétration supérieur dans certains pays et territoires. Citant pour exemple la Californie, l’Allemagne, le Japon ou la Corée du Sud, l’étude considère que la voiture à hydrogène pourrait représenter un véhicule vendu sur douze en 2030.
Côté professionnel, les déploiements seront essentiellement portés par les taxis et les applications libre-service.Pour les véhicules utilitaires légers, l’adoption de l’hydrogène pourrait être plus importante avec 6 % des ventes en 2030 et jusqu’à 50 % en 2050. En cause : les nouvelles réglementations qui devraient accélérer le développement de solutions zéro émission pour les livraisons du dernier kilomètre.
Dans le secteur du poids-lourd, l’hydrogène représente également un gros enjeu. Alors qu’il pèse de plus en plus en termes d’émissions de CO2, le transport de marchandises devrait progressivement adopter la solution hydrogène, selon le rapport. Avec une part de marché de 2,5 % à horizon 2030, quelque 500 000 camions pourraient ainsi être mis en circulation. « Si ce chiffre peut paraître faible, il aura de gros impacts sur les émissions compte tenu des kilométrages effectués et des gains de consommation réalisés » remarque l’étude.
Pour les bus, la feuille de route de l’Hydrogen Council prévoit que l’hydrogène représente jusqu’à 30 % du trafic à horizon 2050. En termes de déploiement, sont notamment cités Shanghai, qui devrait investir dans 3 000 bus d’ici à 2020, ou la Corée du Sud qui prévoit de remplacer 26 000 bus au gaz par des modèles à hydrogène.
Parmi les autres applications, le rapport cite le secteur maritime ou le train, où l’hydrogène pourrait représenter une solution pour les nombreuses lignes non encore électrifiées.
Des investissements nécessaires
« Parvenir à ces objectifs nécessitera une augmentation rapide de la production et des infrastructures d’ici 2030 » avertit toutefois le rapport. Alors que plus de 5 000 stations ont été annoncées d’ici à 2030, la feuille de route de l’Hydrogen Council estime que 15 000 installations seraient nécessaires pour atteindre les objectifs préalablement cités.
L’autre enjeu concerne l’offre et la capacité des constructeurs à industrialiser rapidement de nouveaux modèles. Aujourd’hui limitée à trois principaux modèles (Hyundai iX35, Toyota Mirai et Honda Clarity), l’offre devrait s’enrichir d’une dizaine de nouveaux véhicules d’ici à 2020.