La Banque Européenne d’Investissement prête à financer le futur Airbus de la batterie
Devenu un enjeu stratégique pour l’Europe, le projet d’Airbus de la batterie pourra bénéficier des financements de la Banque européenne d’investissement (BEI).
« Je confirme le soutien plein et entier de la BEI à cette initiative (…) et confirme que nous mettrons à sa disposition toute la palette de nos instruments », a déclaré Andrew McDowell, Vice-Président de la banque européenne lors d’une conférence de presse organisée lundi 12 février à Bruxelles.
Un prêt de 52,5 millions d’euros accordé à Northvolt
Promettant « d’autres annonces dans les prochaines mois », le représentant de la BEI a également officialisé le financement d’un premier démonstrateur porté par Northvolt et le gouvernement suédois. Celui-ci sera construit à Västeras, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Stockholm. Financée par la BEI à hauteur de 52,5 millions d’euros et bénéficiant de crédits supplémentaires issus du programme Horizon 2020 de la Commission Européenne, l’initiative est présentée comme l’un des projets les plus avancés dans le domaine.
Employant 300 à 400 personnes, le site accueillera également un centre de recherche et constituera une étape clé pour la création d’une usine de plus grande envergure. Installée à Skellefteå dans le nord de la Suède, cette première méga-usine européenne vise une production annuelle de 32 GWh de cellules pour des applications aussi variées que le transport ou les applications stationnaires.
Une logique de consortiums
Avouant que l’Europe s’était lancée « un peu trop tard » dans la production de cellules, Maroš Šefcovic, Vice-Président de la Commission Européenne en charge de l’énergie estime que plusieurs acteurs européens pourraient émerger.
« Je ne pense pas que nous aurons une seule entreprise de production de batteries en Europe […]. Un seul acteur ne peut pas le faire seul en raison de l’envergure et de la rapidité nécessaires… Je pense que nous aurons plutôt plusieurs consortiums qui coopéreront étroitement », a-t-il indiqué, citant pour exemple l’initiative suédoise où l’entreprise française Saft pourrait accélérer sa présence dans le domaine.
Un marché sur lequel l’Europe risque d’avoir du mal à s’imposer. « Aujourd’hui, le marché des cellules est essentiellement aux mains de cinq fabricants asiatiques. Et avec l’évolution des technologies, il va être le théâtre d’une guerre des prix farouches. La marge pour créer et exploiter un avantage compétitif restera très étroite » a averti le Président du directoire de Bosch, Volkmar Denner.
Un enjeu stratégique
Avec la montée en puissance annoncée du véhicule électrique et des applications stationnaires, les batteries sont devenues un sujet stratégique pour l’Europe. Il s’agit de réduire la dépendance aux pays asiatiques tout en développant des compétences et des capacités de production avec les différents industriels européens. En octobre dernier, une première rencontre avait été organisée avec les industriels et les représentants des différents états pour mettre en place une véritable chaîne de valeur autour de la filière.
D’après la Commission Européenne, le marché de la batterie pourrait représenter une demande en cellules de 200 GWh par an, soit un chiffre d’affaires annuel estimé à 250 milliards d’euros. Pour Maroš Šefcovic, l’idée serait de créer au moins dix méga-usines de production de batteries capables de commercialiser tant en Europe qu’à l’international des cellules à la fois performantes et compétitives.