Pologne : les perspectives de l’électromobilité au cœur d’une étude
Fin février, la fondation polonaise pour la promotion des véhicules électriques et ses partenaires ont présenté un rapport intitulé « Charging Poland » étudiant les impacts économiques et environnementaux du développement du véhicule électrique en Pologne. Près d’un million de véhicules électriques devrait circuler sur les routes du pays en 2025.
Aujourd’hui, les voitures électriques ne représentent qu’une très faible partie des ventes de véhicules particuliers en Pologne. L’an passé, 1 068 exemplaires ont été immatriculés, soit presque deux fois plus qu’en 2016.
Si le parc devrait augmenter grâce à la mise en place de nouvelles réglementations favorables à l’électromobilité, le marché automobile polonais ne devrait afficher qu’une transition lente. En cause : des automobilistes essentiellement tournés vers l’occasion, le taux de renouvellement des véhicules neuf se limitant à 2,5 % par an. En Pologne, la durée de vie moyenne d’un véhicule est ainsi de 20 ans et le gouvernement n’aura d’autres choix que de mettre en place des dispositifs équivalent à la prime à la casse pour inciter les acheteurs à se tourner vers des véhicules neufs et plus respectueux de l’environnement.
Si les conditions de développement de la filière sont en place, les auteurs de l’étude estime que le pays pourrait compter près d’un million de voitures branchées d’ici à 2025, dont 550 000 électriques et 400 000 hybrides rechargeables. A l’échelle des quelques 17 millions de véhicules particuliers en circulation en Pologne, l’électrique représenterait 5,8 % du parc à cet horizon.
Par la suite, le parc pourrait passer à trois millions en 2030 (1,9 million d’électrique et 1,1 million d’hybride rechargeable) puis à 16,5 millions en 2050 (13,7 millions électriques et 2,9 millions hybrides rechargeables).
Bus électrique : une spécificité polonaise
La Pologne est aujourd’hui l’un des principaux marchés industriels pour le bus électrique. A la présence du constructeur national Solaris, qui assemble plusieurs modèles électriques à Poznan, s’ajoutent d’autres industriels, à l’instar de Volvo, qui ont choisi la Pologne comme lieu d’implantation pour leurs sites de production.
Selon les estimations, 35 % des bus pourraient être électrifiés d’ici 2025. Avec la baisse du coût des batteries, c’est l’ensemble du transport public polonais qui pourrait être converti à l’électrique en 2050.
Un potentiel de 80 000 emplois
En termes d’emplois, l’essor de la mobilité électrique devrait favoriser le secteur des services et aussi celui de la construction. L’industrialisation des véhicules et le développement des infrastructures de recharge s’annoncent en effet comme de vastes chantiers à l’échelle nationale.
Selon les auteurs de l’étude, les activités liées à l’électromobilité pourraient générer la création de 81 000 nouveaux emplois au sein de l’économie polonaise d’ici à 2050, dont 56 000 dans le secteur des services et 18 400 pour l’industrie.
A cela s’ajoutent les perspectives de croissance économique liées à la diminution des importations pétrolières. Aujourd’hui, pour dix euros dépensés en carburant en Pologne, 2,5 euros quittent l’économie pour aller en Russie, principal fournisseur de pétrole du pays. Le développement du véhicule électrique pourrait permettre à l’économie polonaise de diminuer de moitié ses importations pétrolières d’ici à 2035 et de 90 % en 2050.
Une substitution qui augmenterait naturellement la demande en électricité dans le domaine du transport. A l’horizon 2050, celle-ci pourrait atteindre 18 TWh, soit environ 7,8 % de l’ensemble de l’électricité produite.
Lever la barrière de l’infrastructure
Avec moins de 550 points de charge disponibles, la Pologne est considérée comme l’un des pays européens les moins bien équipés en infrastructures de recharge. Pour accompagner le développement du marché, les autorités devront réaliser des investissements conséquents. Des infrastructures qui ne pourront pas se limiter aux seuls centres-villes et qui devront aussi être déployées le long des principaux axes routiers avec des niveaux de charge adaptés.
Le rapport préconise ainsi l’installation de 126 000 points de charge d’ici à 2020, un million d’ici à 2025 et 16,6 millions d’ici à 2050. Un déploiement particulièrement lourd qui nécessitera pas moins de 2,6 milliards d’investissements d’ici à 2030 et 12,8 milliards d’ici à 2050.
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