Dossier : stop aux idées reçues sur le véhicule électrique !
En plein débat sur les prix du carburant, notre dépendance aux énergies fossiles et les défis posés par les changements climatiques ou la dégradation de la qualité de l’air, l’Avere-France souhaite clarifier certains points sur le véhicule électrique et corriger quelques idées et déclarations approximatives voire erronées.
Le véhicule électrique, c’est juste pour les trajets de tous les jours en ville : FAUX !
La voiture électrique d’aujourd’hui peut devenir le véhicule principal du foyer.
Alors que les Français parcourent 29 kilomètres en moyenne chaque jour et que 80 % d’entre eux effectuent quotidiennement moins de 50 kilomètres, les modèles électriques sont d’excellents véhicules de tous les jours. Mais pas que ! En effet, leur autonomie est en constante évolution. La plupart des véhicules mis à la route aujourd’hui offrent entre 350 et 400 kilomètres d’autonomie en moyenne en conditions réelles d’utilisation et de nombreux modèles commercialisés actuellement tutoient les 500 km d’autonomie, voire les dépassent… De quoi largement couvrir les besoins du quotidien et aussi partir en week-end.
Par ailleurs, le véhicule électrique est un choix particulièrement intéressant pour les consommateurs ruraux qui sont les plus pénalisés par l’augmentation de la fiscalité environnementale, la désertification des stations-services et l’absence de transport collectif adapté. La recharge en maison individuelle, très simple, facilite par ailleurs l’adoption du véhicule électrique en zones rurales.
On ne peut pas facilement « faire le plein » de son véhicule électrique : FAUX !
90 % des recharges se font à domicile ou au travail et il existe plus de 30 000 points de recharge en France ouverts au public.
9 recharges sur 10 s’effectuent à domicile ou sur le lieu de travail, possiblement sur une simple prise ! Dans les autres cas, les collectivités territoriales et le secteur privé continuent d’investir dans des réseaux de recharge. Aujourd’hui, il y a plus de 30 000 points de recharge ouverts au public (alors que 11 000 stations-services « classiques » sont réparties sur le territoire). Ce chiffre fait de la France le quatrième pays européen le mieux équipé en infrastructures de recharge. Même si des disparités entre territoires existent, cela représente en moyenne 1 point de recharge pour 11 véhicules.
Sur autoroute, il existe aujourd’hui plus de 2 000 points de recharge rapide (24 kW et au-delà), dont les plus… rapides permettent de récupérer 80 % d’autonomie en vingt à trente minutes, soit le temps d’une pause. Un réseau appelé à grandir puisque l’Etat a décidé que 100 000 millions d’euros seront investis pour accélérer ce déploiement de la recharge rapide et que plusieurs entreprises sont en train d’installer des réseaux de recharge à très haute puissance (jusqu’à 150 kW) dans toute l’Europe afin de recharger rapidement les modèles à grande autonomie. La qualité de service est également en constante amélioration.
Le véhicule électrique, c’est trop cher : FAUX !
Grâce aux aides à l’acquisition et aux économies à l’usage :
– A l’achat
Le bonus écologique (jusqu’à 7 000 euros aujourd’hui ; jusqu’à 6 000 euros à partir du 1er juillet 2021 – retrouvez à ce sujet le nouveau barème du bonus écologique) et la prime à la conversion (PAC) rendent aujourd’hui la voiture électrique accessible à un prix quasiment équivalent voire inférieure pour certains modèles à celui d’une thermique similaire.
Aujourd’hui, il est déjà possible d’acquérir un véhicule électrique neuf à partir de 90 euros par mois, batterie incluse, grâce aux formules de location longue durée.
En 2020, sous certaines conditions, le montant de la prime à la conversion a été augmenté pour permettre aux ménages les plus modestes, ou sans autre solution de transport, de s’engager dans la transition écologique. Ce bilan positif devrait donc s’améliorer.
Et le prix des véhicules électriques devrait baisser. En effet, d’après plusieurs études, ils pourraient être compétitifs face à leurs équivalents thermiques sans subvention à compter de 2024. Enfin, les coûts de fabrication des batteries devraient diminuer de 52 % d’ici à 2030 par rapport à 2008.
– Sur le carburant
A propos du carburant, un véhicule électrique coûte entre 2 et 3 euros aux 100 kilomètres (contre 6,16 euros pour un modèle diesel et 7,44 euros pour un essence). La voiture électrique est donc bien plus économique à l’usage qu’un modèle thermique, les prix des carburants fossiles fluctuants continuellement. Et cela sans compter les économies réalisées sur l’entretien, l’assurance, le stationnement… On considère généralement que le budget carburant est divisé par 3 à 4 avec un modèle électrique par rapport à un modèle thermique.
– A l’usage
En effet, de nombreuses villes offrent aujourd’hui des aides au quotidien comme des heures de stationnement gratuites réduisant d’autant le coût du stationnement.
Si tout le monde passe à la voiture électrique, il faudra construire de nouvelles centrales nucléaires : FAUX !
La recharge d’un véhicule électrique à domicile nécessite la même puissance que celle d’un chauffe-eau.
Contrairement aux idées reçues, le développement des voitures électriques ne nécessitera pas de nouveaux réacteurs nucléaires. Aujourd’hui, considérant les kilomètres parcourus chaque jour, recharger son véhicule électrique à domicile représente le même appel de puissance et la même consommation qu’un chauffe-eau. Ainsi, l’efficacité énergétique des véhicules, la gestion intelligente des bornes de recharge et les pratiques des utilisateurs, telle la recharge de nuit, permettront de ne pas augmenter les capacités de production d’électricité, même avec 15,6 millions de véhicules électrifiés attendus en 2035.
A cet horizon, leur consommation est estimée entre 7 et 34 TWh. Même dans la trajectoire haute, cela représente donc au maximum 7 % de la production annuelle d’énergie.
Enfin, comme nous le faisons tous déjà, décaler l’utilisation d’appareils électriques aux heures creuses et limiter leur utilisation durant les pics de demande entre 18 heures et 20 heures permet de modérer les appels de puissance sur le réseau. Nous ferons de même pour la recharge des voitures électriques, ce pour quoi la recharge intelligente est essentielle.
Le véhicule électrique accompagne le déploiement des énergies renouvelables et permet d’équilibrer le réseau.
Tout d’abord, de nombreux réseaux de recharge fournissent aujourd’hui de l’électricité d’origine renouvelable.
Par ailleurs, en pilotant la recharge, le véhicule électrique peut permettre d’utiliser les énergies renouvelables quand la production est excédentaire à certains moments de la journée, comme la nuit par exemple. Il participe donc d’ores et déjà à l’amélioration du modèle économique de l’électricité renouvelable.
D’autre part, la batterie embarquée des véhicules pourra également stocker de l’énergie et la restituer au réseau électrique à des moments clefs de la journée en cas de pic de production ou de demande. De très nombreux tests sont d’ailleurs en cours partout en Europe.
Enfin, lorsque les batteries ne sont plus utilisables en mobilité, elles trouvent une deuxième vie dans le domaine du stockage de l’énergie. Elles peuvent ainsi servir de stockage-tampon pour les bâtiments à énergie positive ou pour de l’autoconsommation.
Le véhicule électrique représente donc une opportunité fantastique de participer au développement des énergies renouvelables, en offrant une capacité de stockage unique pour les énergies intermittentes comme le solaire et l’éolien.
Les véhicules électriques émettent des ondes électromagnétiques : VRAI
Mais pas plus que les autres objets électriques tout en offrant des sécurités supplémentaires.
Comme tous objets électriques, une voiture rechargeable émet des ondes électromagnétiques.
En 2011, des études ont mesuré avec précision les ondes émises par les véhicules électriques et hybrides. Il en est ressorti que par rapport au seuil recommandé, les émissions au niveau des pieds, partie du corps la plus exposée car proche du moteur et souvent de la batterie, sont à 20 % du niveau maximum toléré, et à seulement 2 % si elles sont mesurées au niveau de la tête.
Tous les éléments sensibles d’une voiture électrique, tel le moteur, le convertisseur, la batterie ou même le chargeur embarqué, sont placés à l’intérieur de boitiers isolants, en particulier pour éviter ces nuisances électromagnétiques. Le câble de recharge ainsi que le chargeur embarqué sont conformes aux normes sur l’électricité domestique avec une puissance qui correspond à celle d’un chauffe-eau, donc sans danger pour l’homme. Avec une plus grande puissance liée à l’utilisation d’une wallbox par exemple, les câbles sont renforcés, là encore pour respecter ces normes.
Il n’y aura pas assez de terres rares pour toutes les voitures électriques : FAUX !
Des alternatives à leur utilisation existent déjà.
Il existe 17 matières minérales qui répondent au nom de « terres rares ». Il est intéressant de noter que, malgré cette appellation, elles ne sont pas particulièrement rares. Elles sont utilisées depuis les années 1960 pour la fabrication de nombreux produits du quotidien comme les ampoules LED, les aspirateurs ou les écrans d’ordinateur.
A l’échelle mondiale, 26 % de la production de terres rares est destinée aux véhicules thermiques, afin de raffiner le pétrole ou fabriquer des convertisseurs catalytiques pour les modèles diesel.
Dans les véhicules électriques, les terres rares sont utilisées pour la fabrication des carters et des aimants équipant les moteurs de traction, dans lesquels elles peuvent représenter jusqu’à 30 % des composants. Elles ne sont par contre pas présentes dans les batteries lithium-ion. A noter qu’il est déjà possible de s’en passer. Plusieurs technologies ont ainsi été développées par des constructeurs de véhicules électriques afin de pouvoir facilement les remplacer.
La voiture électrique est trop dépendante du cobalt : VRAI
Mais il existe plusieurs solutions.
L’extraction du cobalt est un enjeu géopolitique fort, puisque 50 % des réserves mondiales se situent en République Démocratique du Congo. Il existe cependant de nombreuses mines à travers le monde comme en Australie, au Canada ou en Russie.
L’Europe dispose également d’un potentiel non-négligeable avec plus de 230 gisements répertoriés dont plusieurs sont déjà en exploitation comme en Finlande.
L’approvisionnement pourrait se tendre dès 2025, avec une demande deux fois supérieure à la production. Il est donc important de trouver des alternatives dès aujourd’hui, en travaillant sur trois axes : réduire voire supprimer la teneur en cobalt comme le font déjà plusieurs constructeurs, avancer sur des métaux de remplacement comme le nickel, plus abondant sur Terre, et anticiper une filière du recyclage des batteries.
Et que fait-on des batteries ? Ce seront des déchets non valorisés : FAUX !
La filière du recyclage va permettre d’intégrer les batteries dans l’économie circulaire.
Alors que l’Union Européenne exige depuis 2006 le recyclage de 50 % des composants des batteries lithium, la filière du recyclage est aujourd’hui capable d’en recycler plus de 80 %. Les entreprises du secteur se préparent dès maintenant afin d’accueillir les premières batteries à partir de 2025. De plus, l’industrie et la recherche travaillent aujourd’hui au développement de techniques permettant de les recycler à l’infini, assurant une indépendance vis-à-vis des pays producteurs, et d’inscrire la filière batterie dans l’économie circulaire. Pour ce faire, il convient de mettre en place les bonnes incitations en amont de cette échéance.
Le véhicule électrique pollue plus que son équivalent thermique : FAUX !
Plus un véhicule électrique roule, plus son bilan carbone est bon.
En matière d’émissions de CO2, celles-ci se concentrent durant la phase de fabrication du véhicule électrique et sur la production de l’électricité. Contrairement à son équivalent thermique, il n’émet pas de CO2 en phase d’utilisation. Autrement dit, plus un véhicule électrique roule, meilleur est son bilan carbone par rapport à son équivalent thermique.
Par ailleurs, d’après l’analyse du « puit à la roue » de Transport&Environment, même dans le cas d’une production d’électricité fortement carbonée comme en Pologne, le véhicule électrique émet 25 % de CO2 de moins que son équivalent thermique émettant 120 gCO2/km en moyenne.
Au final, sur l’ensemble de sa durée de vie, une voiture électrique roulant en France a un impact sur l’environnement 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle thermique. Comme le souligne l’étude de la Fondation pour la Nature et l’Homme et European Climate Foundation « Le véhicule électrique dans la transition écologique en France », ce bilan positif pourra par ailleurs largement s’améliorer lorsque seront mises en place les dispositions pour assurer une seconde vie des batteries en stockage des énergies renouvelables et leur recyclage.
Le véhicule électrique participe également à l’amélioration de la qualité de l’air puisqu’il n’émet à l’échappement ni oxyde d’azote (NOx) ni particules fines PM10 et PM2,5, contrairement aux modèles thermiques. Grâce au freinage récupératif et à ses pneus à faible résistance au roulement, le véhicule électrique permet également de réduire significativement les particules émises par les pneus et les plaquettes de freins.
En France, ces particules et plus généralement la pollution atmosphérique sont responsables du décès prématuré de 48 000 personnes chaque année et coûtent entre 20 et 30 milliards d’euros par an en dépenses de santé, dont près d’un milliard directement supporté par le système de soin.
En conclusion
Le véhicule électrique est donc un instrument efficace de lutte contre le changement climatique et la pollution atmosphérique, ainsi que de la transition énergétique. Un bilan indéniablement positif qui ne fera que s’améliorer avec la réutilisation des batteries en seconde vie et le développement des énergies renouvelables… auquel le véhicule électrique participe activement.
N’oublions pas que le premier véhicule électrique de dernière génération est arrivé en concession en 2010 : la technologie, encore jeune, devrait connaître quelques belles évolutions dans les années à venir !
Illustrations : Avere-France