A Paris, les véhicules diesel bien au-delà des normes anti-pollution
Pilotée par le Conseil international pour un transport propre (ICCT) et réalisée en partenariat avec la Ville de Paris, une étude s’est intéressée aux émissions réelles des voitures et des deux-roues dans la capitale et pointe du doigt le rôle des nouveaux diesels dans la pollution.
Malgré l’arrivée de nouvelles normes plus sévères en matière d’émissions, les véhicules à motorisation diesel continuent d’émettre des oxydes d’azote (NOx) à des niveaux très supérieurs aux normes d’homologation. Tel est le principal constat de l’étude TRUE (The Real Urban Emissions Initiative) commanditée par ICCT, le Conseil international pour un transport propre, suite au scandale du « dieselgate » et à la publication d’un premier rapport similaire pour la ville de Londres en 2017.
Réalisées entre 18 juin et 16 juillet 2018, les mesures ont été effectuées grâce à des portiques laser qui ont permis de quantifier avec précision les émissions de près de 180 000 véhicules en circulation dans différents points de la capitale.
Plus de 60 % des véhicules observés roulent au diesel
Si la part du diesel a largement reculé dans les ventes de véhicules neufs, il continue à représenter la majeure partie des véhicules en circulation dans la capitale. Selon les données publiées par ICCT, ces derniers représentent 64 % des véhicules mesurés dont 28 % répondent à la norme Euro 6. Une technologie présentée comme plus vertueuse que les vieilles motorisations mais dont les mesures réelles se sont avérées bien supérieures à celles réalisées en laboratoire. Les diesel Euro 6 se sont ainsi révélés six fois plus émetteurs en NOx que les 80 milligrammes/km imposés par la norme et 4,8 fois plus que les Euro 6 essence.
Une pollution aggravée lors des phases de canicule. Selon l’ONG, les diesels Euro 6 peuvent rejeter 20 à 30 % d’oxyde d’azote de plus lorsque la température dépasse les 30 degrés. « On sort de trois périodes de canicule cet été avec trois très longs épisodes de pollution à l’ozone. Dans une perspective de réchauffement climatique, cela veut dire possiblement plus d’épisodes de pollution à l’ozone » s’inquiète Catherine Léger, directrice d’Airparif.
« Ces résultats viennent conforter notre stratégie progressive mais déterminée de la fin du diesel d’ici 2024 » a réagi Christophe Najdovski, adjoint en charge des Transports à la mairie de Paris.
Les deux-roues pointés du doigt
Au-delà des voitures, l’étude ICCT s’est aussi intéressée aux deux-roues, recueillant près de 3 500 mesures pour les véhicules de catégorie « L ».
Une fois encore, le constat est alarmant. En retard sur les normes Euro par rapport aux voitures particulières, les deux-roues sont à la fois plus nombreux et particulièrement émetteurs. Selon les données du rapport, ils rejettent jusqu’à six fois plus d’oxyde d’azote que les voitures essence les plus récentes. Une situation qui devrait encourager la mairie de Paris à accélérer ses politiques en faveur de l’électrification des deux-roues.
Une cartographie en temps réel des émissions de polluants dans Paris
Au même moment, la ville de Paris a présenté une carte dynamique de la qualité de l’air dans la capitale. Mise à jour toutes les deux heures, elle présente les données des émissions de polluants relevées par Airparif et liées à différents secteurs, qu’il s’agisse du trafic routier, du logement, de l’industrie ou des chantiers.
Ces données sont complétées par les mesures effectuées par 300 véhicules électriques Enedis et 100 VTC Marcel dans le cadre de l’expérimentation Pollutrack. En circulation dans les rues parisiennes, ils cartographient les zones de forte pollution aux particules fines PM2.5.