Global EV Outlook 2018 : compte-rendu de l’étude, prévisions et recommandations
[Adhérents] Mercredi 5 décembre, les adhérents de l’Avere-France ont assisté à la présentation du Global EV Outlook 2018, animée par Marina Gorner, Analyste transports de l’Agence Internationale de l’Energie. L’étude fait le point sur l’électromobilité dans le monde : politiques publiques, réseaux de recharge, immatriculations…
Publié en juin dernier, le Global EV Outlook 2018 apporte une impression générale sur les données de la mobilité électrique au niveau mondial. Le contenu imbrique à la fois les dernières statistiques de la filière, les politiques publiques mises en place, les évolutions aussi bien technologiques qu’économiques et pour finir, plusieurs recommandations adressées aux décideurs.
L’Agence Internationale de l’Energie a rappelé que les véhicules électriques ont connu une croissance rapide depuis 2010 et représentaient en 2017 plus de trois millions d’unités dans le monde. En 2018, le parc devrait être composé de plus de quatre millions, soit moins de 1 % du parc automobile mondial. Suivie de près par l’Europe et les Etats-Unis, la Chine s’impose aujourd’hui en tant qu’acteur majeur de l’électromobilité. Cela dit, l’Europe n’est pas en reste puisqu’en Norvège, les véhicules électriques et hybrides rechargeables constituent 40 % des parts de marché des nouvelles immatriculations automobiles.
Des pays au cœur de l’électromobilité
De pair avec le rapport sur les véhicules électriques en Norvège paru en mars 2018, l’Agence Internationale de l’Energie a analysé quatre régions dynamiques ainsi que leurs actions publiques efficientes.
En Chine, le New Energy Vehicle Credits oblige les constructeurs à vendre un certain quota de véhicules électriques. Cette réforme a induit l’augmentation de l’autonomie et des performances des automobiles. Actuellement, une proposition de loi sur l’interdiction nationale des ventes de véhicules thermiques est débattue.
Les chiffres sont impressionnants puisque près de 1,2 million de véhicules électriques, plus de 250 millions de deux-roues électriques et quatre millions de low-speed electric vehicles circulent déjà sur les routes chinoises. De plus, 350 000 bus électriques ont été mis en circulation.
Au-delà des frontières de la Chine, l’Inde, jusque-là réticente au développement de la mobilité électrique, affiche sa volonté de mettre en place une filière nationale par les constructeurs historiques nationaux. Les aides à l’achat devraient être renouvelées et des obligations d’acquisition pour les flottes publiques devraient être mises en place. Un plan d’importance pour le déploiement de bornes de recharge est également à l’étude.
De l’autre côté du globe, les Etats-Unis ont revu à la baisse la régulation sur la consommation des véhicules pour les prochaines années. Cependant, la Côte Ouest et particulièrement la Californie ne s’avoue pas vaincue et a décidé de maintenir cette réglementation avec un objectif de cinq millions de véhicules électriques en circulation d’ici 2030.
Enfin l’Union Européenne encourage la vente des véhicules électriques par les constructeurs et leur acquisition afin d’atteindre une réduction de 30 à 40 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030.
L’importance des politiques publiques dans le passage à l’électrique
De la sorte, nombreux sont les pays qui annoncent leurs intentions de retirer des ventes les véhicules conventionnels ou encore de créer des zones à faibles émissions interdisant l’accès de certains territoires à certains véhicules. Ces actions préviennent les consommateurs des inconvénients liés à la conduite d’un véhicule à énergies fossiles.
Les données de 2017 prouvent l’impact des politiques publiques sur le marché. En effet, les dix leaders de l’électromobilité offrent un panel important de mesures de soutien afin d’encourager les alternatives au véhicule thermique : aides à l’achat, réduction des taxes, avantages à l’usage, régulation des véhicules thermiques ou encore réduction des normes d’émissions de CO2. Les politiques publiques permettent ainsi de rendre ces derniers plus attractifs aux yeux des automobilistes, de réduire les risques pour les investisseurs et d’encourager les constructeurs à augmenter leur production.
L’utilisation des infrastructures de recharge
Concernant l’évolution des infrastructures de recharge et comme cela se confirme sur le terrain, la majorité d’entre elles se situe sur le domaine privé. Dans l’édition 2018 du Nordic Outlook, les habitudes des consommateurs norvégiens montrent une utilisation quotidienne des bornes de recharge présentent sur les lieux de travail et de domicile. En opposition, les bornes installées sur la voirie ne sont utilisées que de manière occasionnelle.
A cela s’ajoute la fréquence des recharges qui devient de plus en plus espacée dans le temps. En 2017, les utilisateurs de véhicules électriques en Norvège rechargent moins fréquemment qu’avant, la proportion d’une seule recharge en une semaine est en hausse. Cela s’explique par des batteries de plus grande capacité et aussi une meilleure compréhension par les automobilistes de leurs besoins de recharge.
Vers une baisse des prix du véhicule électrique
Pour l’Agence Internationale de l’Energie, la baisse des prix du véhicule électrique interviendra grâce à l’installation de nouvelles usines de batteries plus productives (passant de 0,5 gWh/an à 35 gWh/an), ce qui permettrait une réduction des coûts unitaires des cellules et une plus grande capacité des batteries (jusqu’à à 70-80 kWh).
Par ailleurs, leur standardisation pourrait simplifier leur réutilisation. Néanmoins, l’innovation accrue des nouvelles technologies reste cependant un frein à celle-ci.
Des initiatives pour l’avenir
Pour la suite, deux scénarii futurs sont déjà en élaboration. Le premier se concentre sur les politiques publiques actuelles qui permettraient d’atteindre 120 millions de véhicules électriques en circulation dès 2030. Le deuxième consiste à un engagement des pays pour atteindre un objectif de 30 % de véhicules électriques vendus à l’horizon 2030, soit 220 millions d’unités. Pour la mise en œuvre de cette résolution, plusieurs actions sont préconisées comme le développement des infrastructures de recharge, l’engagement en faveur d’une électrification des flottes, la création de plateforme d’échanges d’information et de recherche, l’organisation de formations ainsi que la mise en place d’un programme pilote de 100 villes orientées vers la mobilité électrique apparaissent.
Pour conclure, le Global EV Outlook 2018 incite à repenser la consommation des véhicules, à changer de technologies et de modes de transport ainsi qu’à réduire la demande en déplacements et les kilomètres parcourus. Cela passe par exemple par de la densification urbaine ou encore le développement du télétravail. En tenant compte des politiques luttant contre l’autosolisme, un à deux milliards de véhicules électriques pourraient être mis en circulation d’ici 2050. Ces prévisions auraient un impact évident sur la réduction des émissions de CO2 qui seraient alors diminuées d’un tiers et plus en prenant en compte la décarbonisation du réseau électrique.