Transport & Environment appelle à développer l’infrastructure de recharge pour camions électriques dans les grandes villes
Selon l’ONG européenne Transport & Environment, l’Europe pourrait réduire de 22 % les émissions de CO2 du secteur des poids-lourds grâce à leur électrification. Pour y arriver, il convient d’accélérer l’installation d’infrastructures de recharge pour camions électriques dans les principales villes et zones urbaines du vieux continent.
Alors que la moitié des poids-lourds circulant en Europe parcourent des distances inférieures à 300 kilomètres, Transport & Environment appelle à favoriser l’usage des camions électriques en zones urbaines. Dans son rapport « Unlocking electric trucking in the EU: recharging in cities », l’ONG identifie 173 villes et zones urbaines où la mise en place de points de recharge réservés aux poids-lourds serait prioritaire. Répartis entre les centres logistiques et les lieux publics, 40 000 chargeurs seraient nécessaires d’ici à 2030 pour un investissement total de 28 milliards d’euros. Une somme qui ne représenterait qu’une petite partie des 100 milliards d’euros dépensés chaque année dans les infrastructures routières au sein de l’Union Européenne.
Plusieurs scénarii à l’étude
Dans ce premier scénario intitulé « Road-2-Zero », 500 000 camions électriques pourraient être mis sur les routes d’ici à 2030, date à laquelle ils représenteraient 30 % des ventes du segment. De quoi réduire de plus d’un cinquième les émissions de CO2 du transport lourd.
T&E envisagent également deux autres scénarii moins optimistes. Dans le modèle EV-Leaders, la mise en place de quelque 25 000 points de recharge doit permettre la mise en circulation de 316 000 camions au sein de l’UE. Moins optimiste, le scénario « Industry Baseline » prévoit un déploiement limité à 15 000 chargeurs. Dans ce cas, le nombre de camions électriques déployés se limiterait à quelque 190 000 unités et les gains réalisés sur les émissions de CO2 à seulement 8 %.
La publication de ce rapport intervient à quelques mois de la révision de la Directive AFI sur les carburants alternatifs. Pour l’ONG, le texte doit mettre l’accent sur le déploiement des infrastructures électriques et hydrogène. « En 2022, l’UE devrait également pousser les constructeurs de camions à accélérer la fourniture de véhicules zéro émission avec des objectifs de réduction de CO2 plus ambitieux lors de la révision de la norme 2030 » note Lucien Mathieu, expert mobilité électrique à Transport & Environment et auteur du rapport.
Les camions électriques au coeur de la relance européenne
En matière d’aides à l’achat, l’association appelle également à utiliser les fonds du plan de relance COVID-19 pour financer la transition des transporteurs. Un levier qui permettrait également d’encourager les constructeurs européens à investir le marché.
« Les camions électriques sont propres, moins chers à utiliser et disponibles aujourd’hui. Mais l’absence d’une stratégie européenne sur la recharge et l’offre décevante des constructeurs de camions européens freinent le marché. L’UE doit fixer des objectifs ambitieux pour le déploiement des infrastructures et laisser le parc de camions européen se libérer des émissions » souligne Lucien Mathieu.