Comment la France va accélérer le déploiement de la recharge ultrarapide sur autoroute d’ici fin 2022
L’essor actuel des véhicules électriques et hybrides rechargeables fait naître des besoins évidents en matière de recharge, notamment pour la longue distance. Outre l’objectif « 100 000 bornes » d’ici la fin de cette année, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a dévoilé son plan d’action pour développer la recharge ultrarapide sur autoroute. Deux décrets, parus au Journal Officiel ces jours-ci, viennent en dresser les contours.
100 millions d’euros alloués à la recharge autoroutière
Si le plan « France Relance », présenté le 3 septembre 2020, consacrait les « mobilités du quotidien » (transports en commun, vélos…) et l’objectif « 100 000 bornes » d’ici la fin de l’année (au 1er février 2021, la France comptait 31 206 points de recharge pour véhicules électriques ouverts au public), il était plus évasif quant au sujet de la recharge sur les grands axes routiers et notamment, des bornes rapides voire ultrarapides.
Ces dernières, indispensables pour les longs trajets, tant sur autoroute que sur le réseau national routier, ne semblent pas pour autant oubliées par le Gouvernement : le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari promet d’équiper 440 aires de service sur autoroutes et voies rapides d’ici le 31 décembre 2022. C’est en tout un budget de 100 millions d’euros que l’Etat va débloquer en faveur de la recharge autoroutière et dont les bénéficiaires seront les entreprises exerçant l’activité d’installateur ou d’opérateur d’infrastructures de recharge (ou assumant des investissements relatifs à une activité de service de recharge sur les aires de services situées sur le domaine public autoroutier et sur le domaine public du réseau routier national).
En tant que porte-parole de l’écosystème de la mobilité électrique, l’Avere-France a participé activement à ce projet, via son programme de financement de bornes de recharge ADVENIR notamment, mais également avec le concours de ses adhérents. L’association se réjouit de cette avancée, qui permettra de faciliter encore davantage l’acceptation et l’utilisation du véhicule électrique par le plus grand nombre.
En juillet 2020, la France disposait de 130 aires de service équipées en points de recharge rapide. Source : ASFA
Quelles conditions pour bénéficier de l’aide en faveur des « investissements relatifs aux installations de recharge rapide » sur les grands axes routiers ?
Après avoir envoyé une demande de subvention à l’ASP (Agence de services et de paiement), l’installateur ou l’opérateur de recharge devra réaliser les travaux dans un délai maximum de 6 mois suivant la décision d’attribution de l’aide et au plus tard le 1er janvier 2023. Outre ce cadre temporel, les stations devront comporter au minimum 4 points de recharge rapide (chiffre qui peut passer de 8 à 16 selon la taille de la station), dont la moitié de 150 kW (permettant, en théorie, une recharge en moins de 20 minutes). Enfin, et au-delà de ces conditions de nombre, les stations de recharge devront également répondre à certains critères de service : assurer l’accessibilité des bornes 24j/24 avec un n° de Hotline visible depuis chaque borne pour le support client, proposer le paiement à l’acte ou encore garantir la disponibilité d’au moins 80 % des points de recharge plus de 99 % du temps d’ouverture des services sur une année.
Le gouvernement prévoit de financer entre 10 et 30 % des coûts d’installation des stations ultrarapides sur autoroute. Un bonus de 10 % sera même accordé aux 150 premiers points de recharge mis en place afin d’accélérer le déploiement. Les aides accordées seront plafonnées àà 15 millions d’euros par station au total.
L’obligation pour les aires de service d’être équipées en carburants alternatifs
Est à relever enfin l’obligation, pour les aires de service, d’installer la distribution pour les énergies usuelles, instituée par le décret relatif aux obligations s’appliquant aux conventions de délégation autoroutières en matière de transition écologique. Constitue une source d’énergie usuelle toute source d’énergie utilisée par plus de 1,5 % des véhicules à moteur immatriculés pendant deux années consécutives ou par au moins 5 % du parc de véhicules à moteur en circulation.
A ce sujet, il est fait le distinguo entre les aires de service de « catégorie 1 » (ayant un trafic journalier annuel moyen supérieur ou égal à 15 000 véhicules) et les aires de service de « catégorie 2 », en-deçà du seuil des 15 000 véhicules mentionné précédemment. La principale différence réside dans le traitement réservé aux poids-lourds, puisque les aires de service de « catégorie 1 » devront obligatoirement proposer une piste de distribution de chaque source d’énergie usuelle à destination spécifique des poids-lourds (là où les aires de « catégorie 2 » devront « seulement » disposer d’une piste de distribution accessible aux camions).
Les chiffres à retenir
– Objectif : 100 000 bornes sur toute la France d’ici fin 2021 ;
– 100 millions d’euros investis par l’Etat ;
– 440 aires de service sur autoroutes et voies rapides équipées de bornes de recharge rapide ;
– D’ici le 31 décembre 2022 ;
– De 10 à 30 % des coûts d’installation subventionnés, bonus de 10% pour les 150 premiers points de recharge mise en place.