Bruno Le Maire appelle à soutenir la révolution du véhicule électrique
S’exprimant à l’occasion d’une journée organisée par la Plateforme de la Filière Automobile PFA, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a réaffirmé le soutien du gouvernement à la voiture électrique et a confirmé le durcissement du malus l’an prochain.
Alors que l’industrie automobile s’inquiète des enjeux technologiques à venir et du ralentissement du marché automobile européen, le gouvernement appelle à maintenir le cap pour soutenir la révolution du véhicule électrique. En effet, après 10 années de développement, la filière automobile s’attend à une baisse de 10 à 15 % d’ici 2021. Un choc qu’il faut anticiper.
« Le futur est tout électrique : il y a 5 ans, on hésitait, aujourd’hui on n’hésite plus. Il faut que le gouvernement aide entre maintenant et 2022 » a souligné Bruno Le Maire lors d’un discours prononcé ce lundi 2 décembre devant plusieurs centaines de représentants de la filière. Celui-ci a rappelé les ambitions du gouvernement dont l’objectif est d’atteindre 100 000 bornes et 1 million de véhicules en 2022.
« Nous avançons à bon rythme pour maintenir un ratio d’une borne pour 10 véhicules. Aujourd’hui, il y a environ 230 000 véhicules en circulation et près de 28 000 bornes » a chiffré le Ministre. « S’il y a une difficulté sur le déploiement de ces bornes, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs » a-t-il assuré.
Une façon pour le gouvernement français de tenir les objectifs européens. Selon les analystes, les véhicules électriques à batteries devraient représenter 25 % des ventes sur le continent à horizon 2030 et les modèles hybrides rechargeables 8 %.
Bonus écologique : vers plus de visibilité pour la filière
Souhaitant continuer à encourager l’acquisition de véhicules à faibles émissions, Bruno Le Maire a indiqué que l’enveloppe dédiée au bonus automobile pour les véhicules électriques serait augmentée de 50 % en 2020.
En parallèle, le gouvernement donnera plus de visibilité quant aux montants alloués. « Nous vous accompagnerons dans la durée pour développer les véhicules électriques en France. Un calendrier sera fixé sur trois ans et sera annoncé très prochainement par Elisabeth Borne ».
Sur les technologies de rupture liées à l’automobile, le ministre a rappelé les engagements de la France aux côtés de l’Allemagne et de la Pologne pour la construction d’une filière européenne de la batterie, notamment en soutenant le plan européen et l’ouverture d’une usine de production en Charente. et aussi l’importance de l’hydrogène qu’il considère comme une technologie « stratégique ».
Le déplafonnement du malus confirmé
Pour Bruno Le Maire, le discours prononcé devant la filière automobile était aussi l’occasion de confirmer la « traque » des véhicules les plus émetteurs en CO2.
« C’est une question de justice : il n’y a pas de raison que certains Français fassent des efforts en achetant des véhicules hybrides ou électriques et qu’en même temps les rejets de CO2 augmentent car le nombre de véhicules les plus émetteurs se multiplie » a-t-il justifié, proposant un déplafonnement du malus pour les véhicules dont les émissions de CO2 dépassent les 172 g/km. « Les ressources obtenues – 50 millions d’euros – permettront de soutenir les sous-traitants dans les mois à venir » a-t-il précisé.
En parallèle, le ministre souhaite mieux informer le consommateur quant aux impacts écologiques des véhicules les plus émetteurs tout en lançant les discussions à l’échelle européenne sur la question du poids des véhicules. « Nous allons écrire dans les semaines à venir à la Commission Européenne pour lancer ce débat ».
Deux fonds pour soutenir la filière
Grâce au déplafonnement du malus, le gouvernement compte mettre en place deux fonds dotés d’un budget de 25 millions d’euros chacun.
Le premier accompagnera la transformation de la filière automobile tandis que le second permettra de soutenir la trésorerie des PME et TPE en amont d’une potentielle crise du secteur. « Si l’activité doit diminuer dans le secteur automobile en 2020 comme certains l’anticipent, nous devons tout mettre en œuvre pour que les sous-traitants puissent continuer à financer leur activité » a justifié le ministre.
Les besoins humains pour l’industrie sont des emplois qualifiés à haute valeur ajoutée, des ingénieurs et des techniciens, et dont la moitié n’existe pas aujourd’hui. D’ici à 2030, il faudra multiplier entre 4 et 6 fois le nombre de talents recrutés par les entreprises françaises.