Directive AFI: pour Bruxelles, les ambitions des Etats Membres ne sont pas à la hauteur

Selon un rapport publié par la Commission Européenne, les cadres d’actions nationaux soumis par les Etats-Membres en réponse à la Directive AFI ne sont pas à la hauteur des enjeux et des objectifs fixés par Bruxelles.

Au total, la Commission Européenne a étudié 25 dossiers remis par les différents pays de l’Union. Ces derniers avaient jusqu’à novembre 2016 pour remettre leur copie et donner leurs objectifs de déploiement quant aux différents carburants alternatifs et à leurs infrastructures.

« L’analyse des cadres nationaux montre que le déficit d’infrastructures persistera au sein de l’Union Européenne si des mesures supplémentaires ne sont pas prises » souligne le document de la Commission, publié dans le cadre du nouveau paquet mobilité.

Manque d’ambition

Selon le document, l’Union européenne comptait quelque 118 000 points de recharge électrique en septembre 2017. Alors que les ambitions varient énormément d’un pays à l’autre, les différents cadres nationaux tablent sur 200 000 points de charge public installés à horizon 2020. Un objectif largement en deçà des ambitions de l’Europe qui table plutôt sur plus de 400 000 points de charge à la même échéance.

Sur les 25 dossiers analysés par l’Europe, tous sauf deux fixent des objectifs en matière d’infrastructures de charge publiques, note la Commission. En revanche, dix ne prévoient pas de mesures spécifiques censées accompagner leur déploiement.

En matière de soutien, des incertitudes demeurent également. Si la plupart des dossiers envisagent des mesures d’accompagnement de la filière, « toutes n’ont pas été adoptées ou semblent trop limitées pour avoir un impact sur le marché » note la Commission.

« La couverture du réseau central RTE-T* progresse mais une partie de celui-ci pourrait rester sans infrastructure minimale de charge si aucune action supplémentaire n’est entreprise » alerte également Bruxelles.

*réseau transeuropéen de transport

440 000 points de charge publics nécessaires d’ici 2020

Dans son rapport, l’Europe identifie deux objectifs majeurs pour les infrastructures alternatives : le déploiement le long des corridors TEN-T et leur installation dans les zones urbaines et péri-urbaines où les véhicules sont utilisés une grande partie du temps.

Avec une hypothèse de 4 millions de véhicules sur les routes d’ici 2020, soit 1,5 % du parc actuel, la Commission estime que 440 000 points de charge seraient nécessaires à l’échelle de l’Union, soit un investissement de près de 4 milliards d’euros.

A horizon 2025, où la Commission européenne estime que l’électrique pourrait prendre 7 % du marché, ce sont 2 millions de points de charge qui devraient être installés avec un investissement de l’ordre de 2,7 à 3,8 milliards d’euros par an à compter de 2020.

Entre hydrogène, électricité et gaz naturel, l’Europe estime un besoin en investissement d’environ 5,2 milliards d’euros d’ici à 2020. A horizon 2025, entre 16 et 22 milliards d’euros supplémentaires seront nécessaires.

Nouvelle enveloppe financière de 800 millions euros

Concluant son rapport par une série de mesures, l’Europe propose de débloquer 800 millions d’euros supplémentaires pour soutenir le développement des infrastructures alternatives. Une somme qui viendra s’ajouter aux 600 millions d’euros déjà mobilisés par le programme CEF pour l’accompagnement d’une soixantaine de projets européens.

En termes d’accompagnement, Bruxelles envisage également d’encourager l’échange de bonnes pratiques entre les différents états membres par l’intermédiaire de son Forum sur le transport durable. Autres mesures proposées : la mise en place d’un groupe d’experts à compter de mars 2018 et le lancement d’une conférence annuelle sur les politiques publiques dont la première édition devrait avoir lieu à l’automne 2018.

Crédits : europa.eu