Jedlix arrive en France : rencontre avec Guillaume Vanstraelen, Business Developer
Spécialisée dans la recharge intelligente, Jedlix arrive en France en ce début d’année. Guillaume Vanstraelen, Business Developer France, fait le point sur les avantages de cette technologie et les bénéfices qu’elles offrent aussi bien au réseau qu’aux automobilistes.
Le système de Jedlix permet de piloter intelligemment la recharge des véhicules électriques. Concrètement, comment cela fonctionne ?
Guillaume Vanstraelen, Business Developer France : Des constructeurs automobiles comme Tesla, BMW, Jaguar et Renault nous font confiance pour piloter la recharge au travers de leurs systèmes d’information et de la communication embarquée des voitures électriques, Que le conducteur ait accès à une borne de charge connectée ou pas, de technologie ou de marque X ou Y nous est totalement indifférent et nous nous adaptons à la puissance de charge disponible à tout instant.
Le propriétaire d’une voiture électrique doit d’abord renseigner ses besoins dans l’application une fois pour toutes (mode « set & forget »): heure de départ prévue le lendemain, objectif d’autonomie en kilomètres ou en pourcentage de la capacité de sa batterie, lieu autorisé pour la recharge intelligente. Dès que la voiture se connecte à une prise ou une borne, Jedlix gère automatiquement du début à la fin de la recharge, en fonction de contraintes prioritaires comme le pourcentage de recharge directe, l’objectif d’état de charge de la batterie à la fin de la session d’une part et d’autre part d’optimum de coût de la charge, du prix de l’électricité sur les marchés, des besoins d’équilibrage des réseaux électriques en temps réel.
En plus des économies réalisées sur la facture d’électricité grâce au pilotage par rapport aux tarifs Heures Pleines/Heures Creuses quel que soit le fournisseur d’électricité du domicile, nous rémunérons les utilisateurs du service deux centimes d’euro par kilowattheure chargé intelligemment s’ils ont un contrat de fourniture avec l’un des nos partenaires en France. : ekWateur, GreenYellow/Cdiscount énergie et Plüm énergie qui garantissent une énergie verte.
Actuellement, seuls les conducteurs de Tesla peuvent profiter de vos services. Comment prévoyez-vous d’étendre vos services aux autres automobilistes ?
Déjà, le service est compatible avec le Model 3, le Model S et le Model X de Tesla. L’ambition est d’ouvrir le service aux conducteurs d’autres marques comme Renault en 2020.
L’entreprise a été fondée en 2016 aux Pays-Bas et arrive aujourd’hui en France. Pourquoi avoir attendu avant de se lancer sur le marché français ?
Nous déployons nos services progressivement en Europe. Nous sommes encore une jeune société créée en 2016 à partir d’une initiative interne au groupe Eneco, rejoint en 2017 par Renault pour accélérer notre développement. L’année dernière nous avons réussi à lancer le premier déploiement commercial de services réseau (réserve secondaire) avec des véhicules électriques pour le gestionnaire de réseau de transport d’électricité hollandais, TenneT. Nous avons ouvert la Belgique en partenariat avec Engie et nous travaillons avec Elia, le RTE belge pour offrir à nouveau des services de réserve secondaire au réseau avec notre plateforme d’agrégation et centrale d’énergie virtuelle.
C’était aussi le bon moment pour se lancer en France en fin d’année. Après plus de trois ans, nous avons maintenant l’expérience nécessaire avec des milliers de voitures électriques rechargées intelligemment en Hollande et un écosystème complet de partenaires énergéticiens pour apporter une solution simple et efficace aux conducteurs français, avec des bénéfices clairs.
Nous sommes heureux d’accompagner nos partenaires pour qu’ensemble nous puissions contribuer à une intégration durable et vertueuse des véhicules dans le réseau électrique national et demain dans les réseaux locaux de distribution.
Quels sont les enjeux de la recharge intelligente, tant pour le développement de la mobilité électrique pour que pour le réseau ? Quels freins avez-vous identifiés au développement de votre solution ?
Nous poursuivons un objectif principal : faire de la recharge intelligente le mode de charge natif, par défaut, des véhicules électriques. Sur le fonds, le stockage distribué massif que représentent les véhicules électriques doit être au rendez-vous à l’échelle de centaines de milliers voire millions de véhicules, pour absorber la vague attendue du renouvelable vers 2022. Pour cela, toute solution de charge et demain de décharge est bonne à prendre, par l’infrastructure de bornes, et comme nous le faisons par les voitures et leurs systèmes embarqués. Cette alternative complémentaire a plusieurs vertus pour passer à l’échelle : un accès à des données riches comme l’état de charge en temps réel, un coût d’investissement supplémentaire nul, la capacité de contrôler la charge/décharge partout, à tout instant, en fonction de multiples signaux prix ou techniques par agrégat de flottes. Elle est surtout « utilisateur-centric » car en priorité elle prend en compte les besoins de mobilité de chacun et les paramètres de vie, de conduite réelle de chacun.
Côté réseaux, notre enjeu est d’aider à standardiser les codes et méthodes d’insertion de cette nouvelle source de flexibilité distribuée temps réel dans chaque réseau de transport national et de distribution local, pour que le marché s’ouvre, rapidement. Ces « grid codes » ont été conçus pour des centrales de production, ou de gros actifs industriels et s’appliquent plus ou moins bien aux spécificités des véhicules électriques. Et personne n’avait pensé qu’un jour les compteurs électriques deviendraient mobiles ! Des initiatives européennes comme la plateforme PICASSO de l’ENTSO-E permettent d’imaginer une harmonisation des règles. En Hollande, le développement de la plateforme GOPACS ouvre le lien marché nécessaire entre les problématiques de congestion locale des réseaux de distribution et les besoins d’équilibre du réseau de transport. Enfin, le nerf de cette « guerre », les données de comptage, par la voiture elle-même et par un compteur intelligent comme Linky ont un rôle essentiel à jouer pour garantir que le pilotage réalisé a bien eu l’impact déclaré.
Avez-vous d’autres projets prévus pour 2020 ?*
La difficulté est de ne pas trop en avoir ! Nous couvrons aujourd’hui environ 60 % des ventes européennes de voitures électriques. Nous prévoyons d’ajouter au moins deux nouveaux partenaires automobiles majeurs en 2020 pour atteindre 80 %. De même, nous avons commencé à travailler en Allemagne avec des gestionnaires de réseau de transport, et en Angleterre avec des énergéticiens. Continuer à construire la confiance de nos partenaires de l’électro-mobilité et de l’énergie, valoriser la flexibilité de la recharge auprès des TSO, ouvrir de nouveaux pays et agréger des milliers d’utilisateurs : autant de projets qui nous enthousiasment pour 2020 !