L’ étude ZeEUS fait le point sur le marché du bus électrique en Europe
Le Programme ZeEUS vient de sortir une étude proposant une vue d’ensemble du marché des bus électriques à travers l’Europe. Elle fait état des projets de lignes de bus 100% électriques dans 60 villes, afin de mesurer la pénétration de la mobilité électrique dans le secteur des transports en commun.
Le programme ZeEUS – pour « Zero Emission Urban Bus System » – cofinancé par la Commission européenne vise à promouvoir le déploiement de réseaux de bus électriques dans les villes européennes. Pour ce faire, le consortium qui regroupe toutes les parties prenantes du secteur organise des expérimentations des différentes technologies à travers l’Europe afin de les faire connaître. Un observatoire a également été créé en vue de suivre les initiatives publiques des villes européennes. Une étude vient d’être publiée afin d’en donner un tour d’horizon.
Un appel au renouvellement des bus publics par des véhicules électriques
L’étude répertorie et décrit les différents projets d’exploitation de bus électriques au sein des lignes de bus publiques de 61 villes européennes : marque, modèle, taille, type de recharge et lignes concernées y sont détaillés. S’agissant du périmètre considéré, elle retient uniquement les projets pilote ayant vocation à tester sur la durée les bus en vue d’une mise en circulation d’ici décembre 2017. Seules les expérimentations de bus pouvant transporter au moins 55 passagers ont été prises en compte, le modèle de navettes électriques ayant déjà prouvé sa rentabilité commerciale. Le rapport présente au total les modèles de 27 constructeurs mondiaux.
L’objectif d’une telle publication est de démontrer la faisabilité économique, environnementale et sociale des bus électriques en milieu urbain tout en créant les conditions d’un échange des résultats des différents tests menés en Europe afin de favoriser le transfert de ces solutions de mobilité propre dans d’autres villes. Le rapport considère en effet que le passage aux bus électriques par les gestionnaires des réseaux de transports publics est une priorité en terme de politiques publiques.
Près de la moitié des bus à travers l’Europe sont encore estampillés norme Euro 3 ou moins. Il en ressort un nécessaire besoin de renouvellement des flottes afin de respecter les engagements européens en termes de réduction des émissions de gaz à effets de serre – qui, suite à la COP21, devront représenter d’ici 2050 moins de 60% du niveau de 1990.
Un marché européen en devenir
D’après l’étude, la flotte européenne dispose d’environ 956 bus électriques fonctionnant uniquement sur batteries, soit déjà en circulation, soit simplement commandés. C’est la Grande-Bretagne qui en détient la part la plus importante avec 18% du parc européen. Viennent ensuite les Pays-Bas, la Suisse, la Pologne et l’Allemagne qui représentent environ 10% de ce marché chacun.
Pour ce qui est des perspectives de renouvellement, sur le panel des opérateurs et autorités organisatrices de transport urbain interrogés, environ 25 villes européennes disposeront en 2020 de 2 500 bus électriques en circulation, ce qui représentera 6% de leur flotte totale de 40 000 véhicules. A l’horizon 2025 ce sont 13 autres opérateurs de transport publics qui s’engageront dans la mobilité propre dans 18 villes européennes avec 6 100 bus électriques en circulation représentant cette fois 43% de leur flotte totale de 14 000 bus.
La France pour sa part a récemment multiplié les expérimentations de bus électriques dans des villes comme Paris, Amiens, Rouen, Lyon…
Et dans le reste du monde ?
La Chine est bien en avance sur l’Europe : 170 000 bus électriques y sont en circulation, ce qui représente 98,3% du marché mondial. Celui-ci comptabilisait environ 173 000 véhicules en 2015. La région de l’Asie de l’Est compte en effet un bon nombre de constructeurs de bus électriques.
Dans les autres régions du monde, les expérimentations sont encore balbutiantes : tests de trolleybus en Russie et les pays voisins, quelques projets pilotes en Amérique latine et en Inde… L’Australie expérimente dès ce début d’année un service de bus électriques alimentés à l’énergie solaire à Adélaïde et au Maroc une entreprise locale va lancer la production de bus électriques dans le courant de l’année. Des tests plus ambitieux sont effectués en Amérique du Nord avec approximativement 200 bus électriques commandés aux Etats-Unis sur l’année 2016 – la flotte la plus importante se situant en Californie.
Des obstacles à lever
Le projet ZeEUS identifie 5 freins au déploiement des bus électriques qui devront être résolus à l’avenir :
- le coût des bus électriques et des infrastructures de recharge adaptées comparé à celui des bus « conventionnels »
- la nécessaire identification des solutions technologiques adaptées au contexte environnemental local
- la renégociation de contrat de fourniture
- la standardisation des infrastructures de recharge pour permettre une interopérabilité des bus électriques
- le développement d’une collaboration avec les fournisseurs et distributeurs d’électricité
Toutefois ces obstacles pourraient être résolus d’ici 2020 si toutes les parties prenantes travaillent de concert. Le rapport estime déjà que le marché européen de la production en série de tels véhicules devrait être mature à l’horizon 2018-2020.
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