La France présente son plan de déploiement de l’hydrogène
Le Ministre de la transition énergétique Nicolas Hulot a présenté son plan de déploiement de l’hydrogène. Dans le domaine du transport, l’objectif est de parvenir à déployer jusqu’à 1000 stations et 50 000 véhicules dans l’hexagone d’ici 2028.
« L’hydrogène est un sujet qui me tient à cœur, car je suis intimement convaincu que l’hydrogène jouera un rôle important dans la transition énergétique » a introduit le Ministre pour présenter un dossier scindé en trois parties dont une réservée aux transports.
Complémentaire à l’électrique sur batteries
L’estimant complémentaire à l’électrique à batteries, le gouvernement souligne que l’hydrogène présente des avantages pour les usages « intensifs » nécessitant une forte autonomie et des temps courts pour le ravitaillement. En première ligne figure le transport lourd, routier, fluvial et ferroviaire, pour lesquels « le poids et l’encombrement des solutions à batteries représentent un frein ».
Pour les flottes professionnelles, le gouvernement évoque la création « d’écosystèmes territoriaux » avec deux objectifs. Le premier visant à déployer 5 000 véhicules utilitaires légers, 200 véhicules lourds (bus, camions, TER, bateaux) et 100 stations d’ici 2023. Plus large, le second s’étale jusqu’en 2028 et évoque la mise en place de 20 000 à 50 000 véhicules utilitaires légers, 800 à 2 000 véhicules lourds et 400 à 1 000 stations de ravitaillement.
Pour soutenir ces déploiements, le gouvernement prévoit le lancement de plusieurs appels à manifestation d’intérêt dédiés aux véhicules lourds et un accompagnement pour les professionnels. Un déploiement qui sera piloté par l’ADEME pour le compte de l’Etat et complété par une mission parlementaire qui, lancée d’ici la fin du premier semestre, visera à élaborer une « trajectoire de verdissement » sur toute la partie ferroviaire.
Côté réglementation, l’Etat annonce vouloir poursuivre ses travaux de clarification sur toute la partie liée à la sécurité et à la prévention des risques. D’ici mi-2018, un cadre réglementaire spécifique pour les stations-services distribuant de l’hydrogène sera également mis en place.
Le gouvernement prévoit enfin d’instruire et d’accompagner la création « d’un centre international de qualification » destiné à certifier les différents composants clés de la technologie hydrogène.
Pour Elisabeth Borne, Ministre chargée des transports, « L’hydrogène apportera sans aucun doute une part importante des réponses pour décarboner et dépolluer nos solutions de mobilité. Avec Nicolas Hulot, nous avons choisi de travailler sur deux échéances : soutenir dès aujourd’hui les solutions déjà pertinentes en levant les verrous réglementaires et en accompagnant les dynamiques territoriales, et préparer l’avenir en poursuivant les efforts de développement technologique ».
10 % d’hydrogène vert dans l’industrie d’ici 2023
Si l’hydrogène est aujourd’hui très peu utilisé dans l’automobile, il l’est beaucoup plus sur toute la partie industrielle. Un hydrogène aujourd’hui produit à partir d’énergies fossiles et donc fortement émetteur de gaz à effet de serre.
« L’hydrogène produit à partir de la technologie de l’électrolyse mènera vers une filière industrielle française décarbonée » souligne le plan du ministère qui souhaite porter la part d’hydrogène d’origine renouvelable dans la filière industrielle à 10 % d’ici 2023 et entre 20 et 40 % d’ici 2028.
Pour ce faire, le gouvernement propose notamment la mise en place dès 2020 d’un système de traçabilité de l’hydrogène. Une réglementation qui s’inscrira dans le cadre de la révision en cours de la directive européenne relative aux énergies renouvelables.
A l’échelle nationale, il s’agit d’inscrire l’hydrogène dans la « Base Carbone » gérée par l’ADEME en le faisant ressortir comme un vecteur énergétique, au même titre que l’électricité ou la vapeur.
Vecteur de stockage
Présenté comme le « moyen de stockage massif inter-saisonnier des énergies renouvelables électriques intermittentes le plus prometteur », l’hydrogène est un vecteur énergétique essentiel pour le gouvernement. Outre la possibilité d’être transformé en électricité, l’hydrogène peut également être en partie réinjecté dans les réseaux gaziers ou converti en méthane de synthèse pour servir d’autres filières.
D’ores et déjà, l’Etat note des besoins de stockage sur les territoires où les énergies renouvelables sont les plus présentes, notamment ceux qui sont les plus isolés où le gouvernement souhaite multiplier les expérimentations.
Le gouvernement compte également faire appel aux gestionnaires de réseaux RTE et Enedis pour mieux mesurer les impacts de l’hydrogène dans cette transition et définir les business models à développer. Pour les zones dites « non interconnectées », il s’agit de s’appuyer sur l’ADEME et EDF pour dimensionner les besoins de stockage des territoires concernés.
Quant à la possibilité d’introduire de l’hydrogène dans les réseaux gaziers, le gouvernement souhaite évaluer avec les acteurs concernés les conditions techniques et économiques du procédé et son acceptabilité dans les réseaux. Sur ce point, un rapport intermédiaire est attendu pour la fin 2018.
Crédits : Ministère de la Transition Écologique et Solidaire