L’écomobilité source de création d’emploi !
Une étude du méta-moteur de recherche d’emploi Joblift annonce une progression mensuelle soutenue des opportunités professionnelles dans l’écomobilité. Jusqu’à 30 000 emplois supplémentaires pourraient être créés d’ici 2030 dans ce secteur.
Sur les 24 derniers mois, 5 181 offres d’emploi dans la mobilité durable ont été publiées en France sur un total de 19 millions d’annonces. La progression dans ce secteur est continue avec un rythme de +5,8 % de nouvelles offres par mois en moyenne. Cette bonne performance est à comparer avec l’augmentation mensuelle moyenne sur la même période de +0,7% d’annonces sur le marché de l’automobile dans sa globalité.
Ces données proviennent d’une étude réalisée par le méta-moteur de recherche d’emploi Joblift, qui a décidé de se pencher sur le marché de l’écomobilité après l’annonce de Nicolas Hulot de « la fin de la vente des voitures émettant des gaz à effet de serre » d’ici 2040.
Si actuellement les postes spécialisés dans les véhicules propres ne représentent qu’à peine plus d’ 1% des emplois dans l’automobile (estimés eux à 440 000 temps plein en France), cette croissance, si elle se confirme, permet d’anticiper jusqu’à 30 000 emplois supplémentaires d’ici 2030, selon Joblift.
Plutôt des profils ingénieurs en CDI
Pour le moment, la filière des mobilités propres recrute essentiellement des profils ingénieurs (42%) et des candidats au niveau bac + 5 et bac + 2 (21%), révèle l’étude. Ainsi, les postes dans l’écomobilité concernent principalement les développeurs et ingénieurs système et analystes (10%) suivis des chargés d’études de marché (6%) et des chercheurs d’utilisabilité (4%). Un peu moins de la moitié des offres (47%) sont des CDI, 20% des stages et 20% également, des contrats en alternance.
La France bien positionnée en Europe
Le moteur de recherche précise par ailleurs que la France « semble assurer une position solide face à ses voisins européens ». Etant également implanté en Allemagne et aux Pays-Bas, Joblift a en effet pu comparer les marchés des trois pays. Outre-Rhin, 7 000 offres d’emploi dans l’écomobilité sont actuellement proposés, avec Daimler comme employeur n°1. Un chiffre à pondérer cependant avec le nombre d’habitants (82 millions contre 66 en France).
C’est de son côté Tesla qui pousse principalement le marché aux Pays-Bas où un peu moins de 3 000 annonces sont actuellement proposées dans ce secteur.
Anticiper les mutations pour préserver l’emploi
Cette étude de Joblift permet de montrer que l’industrie automobile européenne peut s’engager dans une mutation de ses compétences vers des mobilités plus propres, sans pour autant constituer une perte d’emploi dans son ensemble.
Pour autant, des questions commencent à se poser sur l’évolution du marché européen de l’emploi automobile. L’Association européenne des équipementiers automobiles (CLEPA) s’est par exemple récemment inquiétée du risque d’un transfert d’emplois vers l’Asie, dû notamment au développement accéléré des véhicules électriques. Le marché des batteries est en effet dominé par trois pays asiatiques, la Chine, le Japon et la Corée du Sud qui sont également en avance dans la production de capteurs et de microprocesseurs. Sur ce sujet, la Commission européenne a récemment réagi et annoncé une première enveloppe de 200 millions d’euros afin de soutenir le développement de batteries européennes. C’est le fameux projet d’« Airbus des batteries » qui créera forcément de l’emploi européen dans ce secteur.
La baisse programmée de la fabrication de moteurs thermiques devra également être anticipée pour reconvertir les compétences au bon moment. Selon le cabinet AlixPartners (données 2015), en Europe, 126 usines employant 112 000 salariés sont dédiées à la construction et à l’assemblage des moteurs thermiques et de la chaîne de transmission. Une mutation des métiers industriels, à laquelle la filière automobile française commence d’ores et déjà à se préparer, est donc nécessaire. Le défi concerne également la filière aval véhicule (réseaux d’entretien et de distribution).
La visibilité offerte aux professionnels par le Plan Climat est dans ce sens une bonne chose. Elle permet en effet de dresser la feuille de route des mutations à prévoir. C’est dans ce cadre que l’Avere-France, l’Afhypac, le CCFA, le CNPA et l’UFE se sont rassemblés dans un groupe de travail « Objectif 2040 » et travaillent ensemble à faire du développement de l’électromobilité un facteur de croissance et d’emploi.
> Le site du méta-moteur Joblift
Illustrations : Joblift