« Les Français, la mobilité et les véhicules électriques » : résultats et réactions
[Adhérents] L’Avere-France a organisé un petit-déjeuner pour revenir sur les résultats de l’enquête réalisée par l’institut IPSOS concernant les Français et leur perception de la mobilité électrique. Entre chiffres-clés et enseignements à tirer, les adhérents de l’association ont pu échanger sur les enjeux qu’imposent de tels résultats.
L’Avere-France a présenté à ses adhérents le 4eme baromètre réalisé par l’institut IPSOS. Réalisée tous les deux ans, l’étude a porté sur un échantillon de 1 001 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française.Afin de débuter la présentation, Alice Tétaz, cheffe de groupe à l’institut IPSOS, est revenue sur le contexte qui a pu orienter les sondés et ainsi impacter les résultats. Cette année, l’urgence climatique s’est confrontée à la fin d’Autolib’, aux difficultés de Vélib’ et au peu de restrictions de circulation mises en place. Cela dit, de bonnes nouvelles sont à souligner :
- 75 % des répondants sont prêts à changer leurs habitudes de mobilité pour améliorer la qualité de l’air, un chiffre en légère baisse par rapport à 2016 mais qui reste positif. Surtout, cette proportion s’observe de manière homogène sur l’ensemble des catégories de population ;
- 52 % des automobilistes ayant déjà essayé un véhicule électrique pensent qu’il répond à leurs besoins ;
- 35 % des Français pourraient acheter un modèle électrique plutôt qu’un thermique.
Une image positive
L’étude montre que le véhicule électrique conserve une image positive pour la population française et ce malgré une baisse, ce qui doit alerter les acteurs impliqués. Par rapport aux résultats de 2016, cette motorisation est considérée comme innovante par une part en baisse de la population (87 % contre 93 % en 2016) puisqu’elle s’est démocratisée. Les résultats permettent de noter une vraie sensibilité de l’opinion publique aux enjeux environnementaux : 81 % des sondés considèrent que le véhicule électrique est plus respectueux de l’environnement. Pourtant, cette part est plus faible qu’en 2016 en raison des différentes polémiques liées entre autres à la production et au recyclage des batteries.
Les Français sont toujours plus nombreux à avoir testé le véhicule électrique, que ce soit en tant que conducteur ou passager (22 %, soit + 4 points par rapport à 2016). L’essai permet également de mieux comprendre les économies réalisées à l’usage, même si ceux ayant déjà conduit un modèle électrique semblent déçus de celles-ci, peut-être en raison d’attentes trop élevées à ce sujet.
Un véhicule du quotidien
Les résultats de l’enquête ont montré une baisse de la fréquence d’utilisation de la voiture personnelle et du kilométrage quotidien moyen, qui passe sous la barre des 30 kilomètres. Malgré cela, l’autonomie reste le premier frein au passage à l’électrique : 61 % des répondants ont ainsi indiqué que le véhicule électrique ne répondait pas à leurs besoins de mobilité. La marge de progression est donc importante !
Aussi, 40 % des sondés demandent une batterie permettant de parcourir plus de 500 kilomètres sur une seule charge (+ 8 points par rapport à 2016). Avec les progrès en cours et les nouveaux modèles sur le marché, cela signifie donc que 60 % des Français seraient prêts à passer à l’électrique dès aujourd’hui. La voiture électrique ne semble donc plus être considérée seulement comme le deuxième véhicule du foyer. En demandant une autonomie équivalente à celle d’un modèle thermique, les Français semblent indiquer être prêts à se tourner vers un modèle rechargeable.
L’étude a également permis de démontrer qu’il n’existait pas de différences notables entre les besoins et attentes des personnes habitant en milieu urbain et celles vivant en milieu rural ou périurbain. Avec un accès à la recharge plus aisé hors des villes en raison de la typologie de l’habitat, les ruraux sont tout aussi enthousiastes à utiliser une voiture électrique que leurs confrères urbains, pour qui le véhicule à faibles émissions répond à des enjeux de qualité de l’air.
Sur un parc automobile national composé de plus de 39 millions de véhicules, 15 millions circulent en milieu rural, là où les possibilités de recharge à domicile sont les plus aisées. Pourtant, 76 % des répondants indiquent ne pas avoir accès à un point de recharge au quotidien. Ce taux questionne : n’ont-ils réellement pas accès à la recharge ou est-ce un manque d’information sur les possibilités ? Seulement 9 % indiquent disposer d’un accès à la recharge du quotidien, au travail ou au domicile : les autres ont-ils seulement conscience qu’un véhicule électrique peut se recharger sur une prise domestique ? A noter que la visibilité des réseaux publics de recharge s’est améliorée en six ans, puisque 29 % des Français savent désormais les situer (contre 10 % en 2012).
Les collectivités doivent montrer l’exemple
Cette année encore, les attentes du grand public pour la mise en place de solutions de mobilité alternatives dans leur commune sont fortes même si certaines sont moins demandées qu’en 2016. Ainsi, 71 % des personnes interrogées souhaitent que leur municipalité installe des infrastructures de recharge dans les rues pour faciliter l’utilisation de véhicules électriques (- 6 points par rapport à 2016), et 73 % des répondants demandent le remplacement des bus diesel par des modèles électriques.
De manière générale, les contraintes sont mieux perçues : alors que 55 % des Français sont en faveur de la mise en place de restrictions de circulation pour les véhicules de livraison, 39 % demandent la mise en place de zones à circulation restreinte. Les Français comprennent donc la nécessité et les enjeux liés au développement de véhicules moins polluants.
Un marché de l’occasion à envisager
Le prix d’achat des modèles électriques est toujours l’un des principaux freins pour les Français (41 %, – 4 points par rapport à 2016). En effet, le budget automobile n’étant pas extensible, le prix d’achat plus élevé du véhicule électrique constitue une difficulté majeure pour le développement du marché. L’occasion semble alors une solution envisageable pour les acheteurs. Aujourd’hui, 64 % des interrogés seraient prêts à acheter une voiture électrique de seconde main. Parmi eux, 77 % ont des bas revenus et 82 % sont des jeunes de moins de 25 ans. Il faut garder en mémoire que sur le marché de l’occasion, un véhicule thermique restera moins cher que son semblable électrique : le maintien des aides à l’achat telle que la prime à la conversion reste nécessaire, d’autant plus que 34 % des Français y sont sensibles.
Intérêt pour les deux-roues électriques
Le marché du deux-roues électrique, qu’il s’agisse des vélos ou des scooters, bénéficie d’une image bonifiée. Parmi les personnes interrogées, 42 % d’entre elles seraient intéressés par l’achat d’un vélo à assistance électrique et 37 % par la mise en place de services de location en libre-service. Cependant, des freins demeurent pour l’achat d’un vélo à assistance électrique personnel, les réticences s’observent sur le coût à l’achat (54 %) et sur le risque de vol (29 %).
Le marché du scooter électrique offre également de grandes opportunités de développement : alors qu’une personne sur 20 en conduit déjà un, 50 % des Français sont intéressés par l’acquisition d’un deux-roues motorisé électrique. Le coût d’achat reste un frein majeur pour 30 % des sondés (- 6 points par rapport à 2016). D’un autre côté, l’autonomie n’est pas vraiment un frein car l’usage du scooter est principalement urbain.
Améliorer l’accès à l’information
Ce quatrième baromètre montre la baisse globale du niveau d’information des Français sur la mobilité électrique, même si celui-ci reste positif.
L’ensemble des acteurs impliqués doit ainsi participer à son amélioration. Même si les niveaux d’investissements en communication et marketing des constructeurs semblent faibles par rapport aux autres motorisations, ceux-ci leur sont déjà supérieurs au regard de la part de marché du véhicule électrique.
Du côté des opérateurs de transport et des collectivités, ils ont tout intérêt à mettre en valeur leurs acquisitions de véhicules à faibles émissions pour rappeler leurs investissements et leurs politiques environnementales.
Enfin, ces résultats confirment la nécessité de la mise en place d’une plateforme pédagogique indépendante à destination du grand public et des professionnels, afin de les accompagner dans leur choix et lever les apriori et idées reçues. Un projet en cours, porté par l’Avere-France et le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, attendu pour le semestre 2019.
Illustration : Avere-France