L’Europe, l’Allemagne et la France lancent l’Alliance de la batterie
S’appuyant sur une logique de consortiums, le projet d’Alliance de la batterie vise à réduire la dépendance l’Europe vis-à-vis des acteurs asiatiques. Première étape : la création de trois usines réparties entre la France et l’Allemagne en 2020.
Annoncé de longue date, le projet d’Alliance de la batterie a pris une toute autre ampleur ce jeudi 2 mai, date à laquelle Bruno Le Maire, Ministre français de l’économie, Peter Altmaier, Ministre fédéral allemand de l’Economie et de l’Energie et Maros Sefcovic, Vice-Président de la Commission européenne, ont annoncé le lancement officiel du programme.
« Nous pouvons et nous devons construire notre souveraineté économique et notre souveraineté technologique. C’est ce que nous faisons très concrètement aujourd’hui. C’est pour cela que j’estime que c’est une étape majeure dans la longue histoire notre industrie européenne » a déclaré Bruno Le Maire en conférence de presse.
Partenariat public-privé
En matière d’investissements, ce sont 5 à 6 milliards d’euros – 1,2 milliard d’euros d’argent public et 4 milliards d’euros environ d’argent privé – qui vont être débloqués pour lancer la construction des premières lignes de production. Le tout dans une logique multi-consortiums. En d’autres termes, il ne s’agit pas de construire un mais plusieurs Airbus des batteries. Plusieurs groupements d’entreprises devraient ainsi voir le jour. S’ils n’ont pas encore été précisés, six auraient d’ores et déjà été formés avec des groupes tels que BMW, Volkswagen, Varta, Solvay, Siemens ou Umicore.
Côté français, une alliance entre Saft, PSA et sa filiale allemande Opel est annoncée. Objectif annoncé : convertir une usine Opel située dans la ville de Kaiserslautern, près de la frontière française, en site de production de cellules.
« En termes d’emplois, cette initiative permettra la réalisation d’une usine-pilote en France de 200 emplois d’ici quelques mois (2020) et de deux usines de production – une en Allemagne et une en France – qui seront chacune d’un niveau minimal de 1 500 emplois » chiffre Bruno Le Maire.
Pour rattraper son retard, l’Europe mise sur l’innovation technologique. Les premières batteries produites devraient ainsi reposer sur une version améliorée de la technologie actuelle tandis que les futures générations – dont l’arrivée est attendue au milieu de la prochaine décennie – utiliseront une technologie dite « solide ».
« L’enjeu est de taille : la demande pour les batteries en Europe pourrait avoisiner les 400 GWh en 2025, en raison de l’électrification du transport. Nous aurons besoin de 10 à 25 « Gigafactories » pour satisfaire ces besoins. Le potentiel en termes d’emploi est énorme : entre 2 et 3 millions d’emplois directs et indirects pourraient être créés en Europe » estime Maros Sefcovic.
Une alliance appelée à s’ouvrir
Si la France et l’Allemagne restent les deux locomotives du projet, l’idée est de parvenir à fédérer rapidement les autres Etats membres. Italie, Belgique, Pologne, Autriche, Finlande… d’autres pays européens ont déjà signifié leur intention de rejoindre le projet.
« Nous souhaitons que cela se fasse dans les meilleurs délais possibles parce que les constructeurs automobiles ont besoin que nous respections les délais et ont besoin de garanties en termes d’approvisionnement sur ces batteries » a insisté le Ministre français de l’économie.