Navya : « un rapport de confiance se crée autour de nos navettes électriques autonomes »
L’une des étoiles montantes de la technologie autonome est française et pourrait s’imposer désormais comme un acteur incontournable du transport collectif de demain. Navya compte déjà une trentaine de ses navettes en circulation sur voie privée comme publique. Alors le transport de personnes en véhicule autonome, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? Entretien avec Diego Isaac, Marketing et Communication Manager.
1/ Navya est en passe de devenir une des belles success stories à la française avec une croissance exponentielle, une implantation prévue aux Etats-Unis, plusieurs véhicules en circulation dans le monde… Estimez-vous avoir un temps d’avance ? Qu’est-ce-qui fait votre force ?
Avec 35 navettes autonomes déployées dans le monde en seulement 2 ans, on peut effectivement dire que Navya a une certaine avance ! Nous sommes convaincus que pour structurer le marché de la navette autonome, il faut tout de suite rentrer dans un cycle de commercialisation.
Navya a ainsi pris le parti de se concentrer avec ses partenaires sur des programmes d’expérimentation de longue durée et en conditions réelles. Nous avons signé des contrats de vente, de maintenance, de supervision, ce qui nous permet d’engranger de précieux retours d’expérience en termes technologique, réglementaire et d’usages. La plupart de nos véhicules sont en opération tous les jours, sinon régulièrement. Notre modèle peut alors se perfectionner sans cesse, tant du point de vue du véhicule que du système d’exploitation.
2/ Vous allez prochainement lancer une expérimentation à la Défense avec le STIF. A quel horizon faut-il escompter voir des navettes autonomes dans nos villes ? A quels usages s’adaptent-elles ?
Lorsque nous avons commercialisé notre navette, nous avons d’abord ciblé les sites privés. En l’absence de freins juridiques, nous pensions qu’il serait plus facile d’équiper des sites étendus comme les aéroports, les complexes hôteliers ou encore les parcs d’attraction… La première entreprise à recevoir nos navettes a d’ailleurs été la centrale nucléaire de Civaux pour transporter les agents EDF qui y travaillent, mais elle n’a pas été notre premier client.
L’histoire de Navya a en réalité démarré à Sion en Suisse directement sur la voie publique avec l’opérateur de transport CarPostal. Nos navettes y effectuent 70% de leur parcours en centre-ville piéton et 30% en circulation mixte. Contrairement à ce que nous imaginions, les villes ont très tôt manifesté un intérêt pour le véhicule autonome collectif. Nous leur offrons aujourd’hui une réponse adaptée à leurs besoins sur le premier et le dernier kilomètre.
Il n’empêche que c’est encore difficile de prédire quand de tels services vont se généraliser. Notre objectif, c’est d’abord de ne pas s’arrêter à la durée de l’expérimentation et pérenniser le service, et pourquoi pas même élargir le périmètre desservi.
3/ Les défis à relever pour y parvenir sont-ils d’ordre technologique, psychologique, économique ou réglementaire ?
Un peu tout à la fois ! S’il faut effectivement attendre une réglementation à l’échelon national, nous avons déjà pu obtenir des autorisations spéciales de la part des collectivités pour faire circuler nos navettes sur la voie publique. Nous leur présentons la technologie et concevons avec elles le circuit et les modalités de fonctionnement de l’expérimentation. Un agent à bord accompagne la mise en service ce qui permet de faire des ajustements, le temps que la navette apprenne son parcours, puis assure l’accueil des usagers et la réponse à leurs questions. Nous avons à cœur de montrer aux collectivités et opérateurs de transport que notre technologie est fiable et sécurisée.
Le rapport de confiance se crée d’une manière générale très vite y compris avec les usagers. Lorsque j’observe les utilisateurs de la navette Navly à Lyon, je constate qu’au début ils sont dubitatifs, parfois méfiants, puis, une fois les premiers virages passés, ils se mettent à faire autre chose… Il n’y a pas meilleur signe pour nous !
A Civaux, l’introduction de 6 navettes autonomes en remplacement d’un bus conventionnel a également permis d’améliorer le service. En augmentant la fréquence de passage, les agents attendent moins et perdent moins de temps dans les transports, ce qui a augmenté leur productivité à moindre coût. Selon les estimations d’EDF, ce sont 3 millions d’euros de gain de productivité réalisés et 40t d’émissions de CO2 évitées par rapport à un véhicule conventionnel d’une même capacité.
Notre volonté est de rendre la mobilité de plus en plus inclusive et accessible que ce soit là où on vit ou là on travaille. Plus nous roulons et plus la technologie évolue, plus nous pourrons élargir le périmètre de service de nos navettes. Soyons sûrs d’une chose, la technologie avance vite !
Illustration : © Navya