Oslo2Rome : le blockchain comme solution d’itinérance de la charge
Organisé du 27 au 30 novembre derniers et coordonné par la société allemande MotionWerk avec sept partenaires européens, le projet Oslo2Rome souhaite faciliter l’accès aux bornes de recharge grâce à une technologie d’itinérance basée sur le blockchain.
Fortum, Enexis, Elaad, Sodetrel, Vkw, innogy et enviaM… au total, sept partenaires européens étaient associés à cette première expérimentation grandeur nature dont l’objectif était d’évaluer les performances et les limites du système.
Simplifier la charge
Si le ravitaillement d’un véhicule essence ou diesel est aujourd’hui particulièrement simple en Europe, il est beaucoup plus complexe pour les conducteurs de voitures électriques. En cause : la multitude d’opérateurs présents sur le marché et la diversité des moyens d’accès et des tarifs appliqués. Une situation qui tend à compliquer les déplacements longues distances et qui constitue un frein important pour le développement de la mobilité électrique. C’est en partant de ce constat que la société allemande MotionWerk a développé ses solutions logicielles basées sur la technologie blockchain.
Le blockchain, ou chaîne de blocs, se présente comme une solution de stockage et de transmission de données censée faciliter l’itinérance pour un groupe d’utilisateurs. Appliquée au domaine de la charge et de la mobilité électrique, elle permet de centraliser les données de différents opérateurs pour simplifier la charge pour l’usager. En pratique, il suffit à l’usager de se connecter à l’application mobile « Share&Charge » de MotionWerk pour envoyer une requête « Start » permettant d’accéder à la borne. En cas de paiement, la transaction est réalisée par l’intermédiaire d’un portefeuille virtuel. Baptisé e-Mobility, celui-ci permet à l’usager de choisir librement son mode de paiement tout en conservant l’historique de ses transactions.
Expérimentation grandeur nature
« La technologie blockchain offre de nombreuses promesses, mais manque aujourd’hui d’évaluations réalistes des performances et des risques » souligne Gilles Deleuze, chef du projet blockckain au sein de la division R&D d’EDF. « Oslo2Rome est un cas d’utilisation très pertinent pour la technologie blockchain. Il combine les transactions, le stockage de données, des parties prenantes diversifiées ayant à utiliser un registre commun avec une coordination minimale, les enjeux financiers… » poursuit-il.
Avec sa filiale Sodetrel et Electricité de Strasbourg (ÉS), le groupe EDF a engagé trois voitures électriques – deux Renault Zoé et une Tesla Model S – sur un parcours reliant Nancy et Mulhouse et passant par l’Allemagne. Organisés par six autres opérateurs partenaires, les autres trajets se sont déroulés entre Vorarlberg et Mulhouse (VKW), Leipzig et la Haute-Autriche (enviaM), la Suède et la Norvège (Fortum), ainsi que les Pays-Bas et la Ruhr autour d’Essen (Elaad/Enexis Groupe). En Allemagne, l’expérimentation s’est déroulée sur des stations de charge exploitées par Innogy.
« Avec l’expérimentation Oslo2Rome, nous innovons maintenant, non seulement en examinant comment un réseau européen de tarification, basé sur la technologie blockchain, peut être mis en service, mais en étudiant également les fonctions importantes utilisées par les conducteurs » résume Dietrich Sümmermann, directeur général de MotionWerk. Pour la société allemande, il s’agit de rendre le blockchain aussi invisible et commun que le protocole TCP/IP qui fait aujourd’hui référence dans le domaine internet.
A terme, MotionWerk souhaite lancer sa technologie sur un système public ouvert à tous les conducteurs en y intégrant également les points de charge privés. Mais avant cette démocratisation, certaines barrières devront être levées. L’hétérogénéité des réglementations régissant la revente de l’électricité dans les différents pays européens constitue aujourd’hui l’un des plus gros enjeux du système.