Un marché des voitures électriques trop fragmenté pour l’association des constructeurs européens
L’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) vient de publier de nouvelles données démontrant une corrélation entre l’électrification du parc automobile dans chaque pays européen et deux composantes : le PIB par habitant et les mesures incitatives que chaque gouvernement met en place.
La Commission européenne va présenter la semaine prochaine un projet de loi qui fixera de nouveaux objectifs de réduction des émissions de CO2 des voitures particulières (et des utilitaires légers) d’ici 2030.
C’est dans l’attente de cette décision que l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) a publié de nouvelles données sur les réalités de l’électrification du parc automobile en Europe. Dans son communiqué, l’ACEA « plaide pour une approche ambitieuse mais plus réaliste » du marché des VE.
En rappelant la jeunesse ou même la quasi-inexistence du marché du véhicule électrique dans certains pays de l’UE, elle souhaite en filigrane éviter que soient imposés des objectifs de réduction de CO2 trop sévères sur l’ensemble du territoire européen.
L’association appelle donc à un « réveil des décideurs » qui ne doivent pas établir de mesures de décarbonation fondées uniquement sur les performances des meilleurs élèves de l’électromobilité, à savoir les pays d’Europe de l’Ouest.
Afin d’étayer ses propos, l’étude de l’ACEA montre en effet que seuls ces pays, qui ont un PIB par habitant supérieur à 30 000 euros, ont généré une part de marché du VE supérieure à 1%.
Celle-ci reste proche de zéro pour les pays dont le PIB est inférieur à 17 000 euros, y compris pour les nouveaux États membres de l’UE en Europe centrale et orientale, ainsi que pour la Grèce déchirée par la crise.
Dans la république hellénique, seules 32 voitures électriques ont été vendues l’année dernière…
A l’opposé – et même si elle est non membre de l’UE – la Norvège sort du lot avec une part de 29% de VE. Un bon exemple pour l’association qui rappelle que son PIB culmine à 64 000 € par habitant, soit presque deux fois la moyenne européenne.
Pour Erik Jonnaert, secrétaire général de l’ACEA, le marché des VE est donc extrêmement hétérogène malgré sa croissance, et « l’abordabilité » de la voiture électrique « est clairement un obstacle majeur ».
L’analyse relève également que les incitations à l’achat d’un véhicule électrique diffèrent considérablement en Europe. Ainsi, la part de marché des VE n’est significative que dans les pays qui offrent des « bonus » importants.
Erik Jonnaert estime qu’« en d’autres termes, le produit final seul – aussi bon soit-il – n’est pas suffisant pour créer une demande. Outre des incitations harmonisées et cohérentes pour stimuler les ventes, nous devons investir davantage dans les infrastructures de recharge (…) dans tous les États membres, avant de pouvoir espérer que les consommateurs (…) adopteront réellement des véhicules électriques » Sinon, conclut-il « les consommateurs à la recherche d’une alternative au diesel opteront plutôt pour des véhicules à essence ou hybrides ».
Marché européen du VENorvège : 29% de part de marché (nom membre de l’Union européenne)
TOP 3France : 1,4% Royaume-Uni : 1,4%Allemagne : 0,8%
FLOP 3 Estonie : 0,2% Bulgarie : 0,05% Grèce : 0,04%