Voiture électrique : la Fondation Nicolas Hulot veut une « transition juste »
Dans un nouveau rapport, le Think tank de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) et la CFDT Métallurgie se sont penchés sur la question de l’avenir de l’automobile. Alors que l’électrique impose un véritable changement de paradigme aux constructeurs, le document envisage plusieurs scénarii et formule des propositions pour que cette transition écologique n’entraine pas la fin de la filière industrielle française.
Imposé par l’Europe dans le cadre de ses objectifs climat, le virage vers l’électrique est très controversé dans le milieu industriel. Alors que certains estiment que les nouvelles activités qui entourent la voiture électrique (batteries, recyclage, etc.) représentent un véritable levier pour l’économie, d’autres craignent que sa production, plus simple que celle d’un véhicule essence ou diesel, menace plusieurs milliers d’emplois. Pour tenter d’y voir plus clair, le Think tank de la Fondation Nicolas Hulot et de la CFDT Métallurgie vient de publier un nouveau rapport.
4 scenarii sur la table
Pour étayer leur étude, la FNH et la CFDT ont mis sur la table quatre scénarii :
- La désindustrialisation qui n’est que la prolongation des tendances actuelles. Selon le rapport, cela pourrait conduire à la fin de l’industrie automobile en France avec une baisse de 70 % des effectifs en 2050.
- La poursuite de la relance qui met en évidence que la politique lancée en 2020 ne permettra ni de freiner la désindustrialisation, ni de répondre au défi climatique. Aujourd’hui fixée à 2040, la fin de vente des véhicules thermiques est jugée trop tardive et n’empêchera pas une « division par deux » des effectifs de la filière automobile.
- La relance industrielle, scénario basé sur le maintien des volumes de production de moteurs et une accélération du passage à l’électrique sans toutefois anticiper les besoins de sobriété (réduction des consommations d’énergie et de matières, évolution des usages). S’il permettrait de maintenir l’emploi, son application est jugée irréaliste par les auteurs du rapport.
- La transition juste qui mise sur une restructuration de l’appareil productif autour d’une « filière intégrée » regroupant moteurs, batteries, véhicules et recyclages. Dans ce scénario, la fin de production des véhicules essence et diesel intervient dès 2030 et celle des hybrides en 2035.
« Seul ce 4e scénario démontre la possibilité de répondre à la fois aux enjeux sociaux et environnementaux » estime le rapport qui estime que cette « transition Juste » permettra de produire en France 2,3 millions de moteurs, 2 millions de véhicules électriques et environ 100 GW de production de batteries à horizon 2030. Le rapport estime en outre que ce scénario permettra de générer 33 % d’emplois supplémentaires par rapport au scénario lié à la poursuite des politiques actuelles.
« Cette filière électromobilité dynamique pourra avoir un impact positif sur la filière auto et le tissu économique (sous-traitants, services…) tout en respectant l’objectif de décarbonation totale des transports à 2050 » résument les auteurs du rapport.
Une feuille de route en trois points
Pour mener à bien ce scénario de transition juste, la FNH et la CFDT dressent un plan d’action en trois points :
- Créer les conditions de la relocalisation en mobilisant autour du « made in France » les entreprises et le gouvernement pour l’équipement des flottes et la commande publique
- Accompagner la transformation de la filière en formant les salariés aux nouveaux métiers et en multipliant les dispositifs de conversion.
- Oser une gouvernance ouverte en engageant une mobilisation collective des différentes parties prenantes. « Les acteurs régionaux, les pôles de compétitivité, doivent travailler avec les entreprises et les syndicats dans le cadre de conférences sociales régionales » cite pour exemple le rapport.
Pour la FNH et la CFDT, la première étape de ce plan serait d’engager la mise en place d’Etats généraux de l’automobile. Objectif : réunir l’ensemble des acteurs concernés pour « tracer une voie d’avenir et redonner vie » à la stratégie industrielle française.
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Le rapport est disponible ici. En parallèle, le Boston Consulting Group (BCG) publie lui aussi une étude d’impact de l’électrique sur l’emploi automobile. Selon elle, en 2030, environ 60 % des voitures produites seront électriques et 36 % d’entre elles seront hybrides. Le BCG étudie différentes tendances pour l’avenir de la filière et estime que les pertes de l’activité historique seront compensées par les nouveaux emplois créés (électromobilité, production de batteries, infrastructures de recharge, etc.)… Comme la Fondation Nicolas Hulot, en somme !